Une rue Louise Weiss également dénommée à Malissol.

La proposition présentée lundi 14 avril par Jean-Claude Luciano lors du conseil municipal a été adoptée à l’unanimité. Suite à la délibération datant d’octobre 2024 actant le retrait du nom de l’Esplanade Abbé Pierre pour les raisons que l’on sait, le nouveau nom de baptême de cette Esplanade située en Vallée de Gère à Vienne devant l’Ecole Lafayette est « Esplanade Claudine Coste-Hussel ».

L’occasion d’une part de donner un nom de femme aux rues de Vienne qui en compte si peu et de raviver la mémoire sur cette ouvrière syndicaliste et féministe viennoise.

Née le 25 mars 1879 à Chasse-sur-Rhône, décédée le 16 octobre 1966 à Vienne cette ourdisseuse de métier était militante syndicaliste et socialiste.

Elle fut l’une des premières femmes dans le département à militer dans une organisation syndicale, dirigeant grèves et délégations ouvrières auprès des patrons à plusieurs reprises. En 1909, la loi ayant ouvert aux femmes les scrutins prudhommaux, elle fut élue au conseil des prudhommes de Vienne.

C’est là où elle y côtoya Lucien Hussel, représentant des ouvriers de la métallurgie qi’elle épousa en 1929.

Rappelons que Lucien Hussel, cet ancien député-maire de Vienne qui a donné son nom à l’hôpital, a été dans l’Isère et à Vienne l’un des artisans de la reconstruction du Parti socialiste SFIO après la scission de Tours entre Socialistes et Communistes.

Sur le plan politique, son épouse, Claudine Coste-Hussel adhéra d’abord à la Libre Pensée, puis, dans les environs de 1910, au Parti socialiste.

En septembre 1913, « Mlle Coste, du Textile » apporta son soutien à la création d’un syndicat féminin de « typotes » à Lyon autour d’Emma Couriau.

Un de ses biographes anonymes écrit à son propos en 1918 : « Elle est de toutes les batailles : socialisme, syndicalisme, féminisme, libre pensée, coopération ».

Pendant la guerre, elle organisa à Vienne le syndicat des locataires, ainsi qu’une coopérative ouvrière. Elle participa également à quatre des grèves qui éclatèrent dans les usines textiles de la Vallée de Gère.

Enfin, dès 1923, elle réorganisa le syndicat CGT du textile de Vienne qui, avec 500 adhérents, était en 1926 l’un des syndicats ouvriers les plus importants du département…

Une rue Louis Weiss à Malissol : Européenne avant l’heure

Le choix d’un autre nom de rue a été également été voté lors de ce même conseil municipal, cette fois dans le quartier de Malissol à Vienne.

« Afin de localiser les futures habitations construites dans le nouveau projet de lotissement située entre l’Avenue Jean de la Fontaine et la Rue Gustave Eiffel dans le quartier de Malissol, il apparaît pertinent d’affecter une dénomination à cette voie », expliqua le rapporteur Jean-Claude Luciano.

La commission de dénomination des voies et rues de Vienne a ainsi décidé de dénommer cette voie : « Rue Louise Weiss », une Européenne avant l’heure.

Cette femme née le 25 janvier 1893 à Arras, dans une famille de la grande bourgeoisie a été résistante pendant la Seconde Guerre mondiale et, dans l’après-guerre, elle a parcouru le monde afin d’approfondir sa réflexion politique.

De ces périples dans le Grand Nord américain, en Afrique, au Moyen-Orient et en Extrême-Orient, elle tirera une série de livres (dont L’Or, le camion et la croix, 1949 ; La Syrie, 1952 ; Le Cachemire, 1957) et surtout des films dont certains, sur la Chine, l’Inde, le Japon, le Liban et la Syrie, constituent des documents historiques et anthropologiques de premier ordre.

C’est la philosophie de ces voyages qui conduira Louise Weiss à fonder avec Gaston Bouthoul l’Institut de polémologie.

Elle a également créé à Strasbourg l’Institut des sciences de la paix dans le cadre de la Fondation de France. Dans le même temps, elle a achevé les six volumes de ses « Mémoires d’une Européenne », écrit un pamphlet inspiré par l’historien Pierre Chaunu, Lettre à un embryon (1972), et publié un dernier roman en 1976.

Si elle a joué un rôle clé pour l’obtention du vote des femmes, plus que le féminisme, le centre de ses préoccupations et de son œuvre fut l’Europe, qu’elle devait retrouver à Strasbourg, au soir de sa vie (elle mourra le 26 mai 1983), et que, dans son discours d’ouverture du Parlement européen, dont elle fut la doyenne, elle avertissait d’avoir à « reprendre figure morale », sous peine de mort…

                                                                                           Louise Weiss