Ce que l’on appelle désormais « L’Affaire Léo Lagrange » s’est envenimée lundi 14 avril lors du dernier conseil municipal de la Ville de Vienne qui se tenait à la salle des fêtes. A telle enseigne que BFMTV et Médiapart s’intéressent à ce sujet vienno-viennois. Ceci aussi parce qu’à un an des prochaines élections municipales, l’affaire prend un tour politique. En l’absence de Jean-François Merle, deux discours se sont opposés lors de cette séance, l’un du maire, Thierry Kovacs et de l’autre d’Erwann Binet, le leader de l’opposition, tous les deux entrant dans le fond juridique de « l’Affaire Léo Lagrange » de manière totalement opposée. La justice va-t-elle trancher ?
Lors de la dernière séance du conseil municipal lundi 14 avril, Thierry Kovacs, maire de Vienne, a annoncé le gel de la subvention du club Léo-Lagrange de Vienne « jusqu’à nouvel ordre. » Ce qui représente près de 75 % de subvention en moins par rapport à la somme qui avait été budgétée avant l’affaire !
Petit rappel de l’épisode précédent : en février 2025, la mairie avait déjà réduit la subvention de 150 000 € soit 45 000 euros de moins, soit encore – 30 %.
La raison mise alors en avant par Thierry Kovacs : l’envoi d’un mail visant à faire barrage au Rassemblement national lors des élections législatives de juillet dernier.
On se disait que la situation était en train de s’apaiser. Non.
Pas du tout en fait, Thierry Kovacs mettant en cause à nouveau en cause lundi Jean-François Merle, président du Club Léo Lagrange, détaillant ses griefs, qui expliquent cette nouvelle et drastique diminution de la subvention.
« Il ne reconnaît désormais plus aucune faute »
Alors qu’il avait reconnu ses erreurs au conseil municipal le maire de Vienne accuse en effet le même Jean-François Merle d’avoir menti dans une lettre à l’ensemble des adhérents du club Léo : « il ne reconnaît plus aucune faute et laisse entendre qu’il est, avec l’association qu’il préside, en réalité victime, alors que c’est bien en raison des manquements à la loi que la Ville a été contrainte de sanctionner le club. »
Et Thierry Kovacs, de reprocher également Jean-François Merle « d’avoir banalisé l’envoi d’un mail à caractère politique », « de minimiser le like de l’association » et enfin de « réduire le soutien de la Ville de Vienne à une subvention de fonctionnement de 150 000 euros ». Et de lancer : « le dialogue est rompu ! »
Une demande valant « droit de réponse » de Thierry Kovacs
Des raisons qui ont amené Thierry Kovacs à adresser le 13 mars dernier une lettre « valant droit de réponse » au président du Club Léo Lagrange, lui demandant « de la diffuser à tous les adhérents afin de rétablir la vérité ».
Une demande « restée sans réponse », assure-t-il. Elle a été en fait diffusée pour l’heure seulement aux membres du conseil d’administration.
Et de conclure : « c’est la raison pour laquelle nous gelons la subvention pour l’instant »
Et la maire de conclure : « La balle est désormais dans la main de Léo-Lagrange. »
Le conseil d’administration du Club Léo se réunit mercredi
Une réponse qui devrait survenir demain mercredi 16 avril, le conseil d’administration du Club Léo-qui a refusé la démission que, suite à cette affaire, Jean-François Merle lui a présenté »-se réunissant sur ce sujet exclusif.
En l’absence de Jean-François Merle à ses côtés, c’est Erwann Binet, le chef de file de « Vienne Citoyenne » qui répondit de manière très détaillée à Thierry Kovacs dans une longue intervention.
Pour lui, « le maire n’a pas le pouvoir de prendre cette décision de geler 75 % de la subvention, il propose et c’est nous qui allons en décider. Et je veux expliquer à vous, membres de la majorité municipale à quel point cette décision serait une grave erreur. »
Et d’expliquer aux autres élus « pourquoi cette décision est totalement infondée sur le fond et totalement contraire à notre droit sur la forme. »
Pour lui, « sur le fond, il est évident que le Maire vise une association présidée par un membre de son opposition. Il reproche au Club Léo Lagrange de sortir de sa neutralité mais invite dans le même temps les associations Viennoises, en utilisant les adresses mail des associations, à ses réunions électorales. Les pages Facebook de Thierry Kovacs sont également régulièrement “likées” par des comptes facebook d’associations…. »
« Une décision politique »
Bref, pour lui, « il y a donc deux poids deux poids deux mesures. La décision n’est rien d’autre que politique, ciblée, discriminatoire et peut conduire à mettre à terre une association de plus de 1 000 adhérents de 35 salariés, équivalant à 13,5 temps pleins. »
Et d’enfoncer le clou : pour lui, « l’idée de sanctionner Léo Lagrange est donc politique et rien que politique. Nous avons toutes et tous compris que l’objectif principal de cette affaire était de donner des gages à l’extrême droite. Mais pour sauver la face, il faut bien quand même essayer de l’expliquer par des arguments juridiques. »
Une analyse reprise aussi par Damien Prost-Romand, du même groupe Vienne Citoyenne : « la décision que vous avez prise est politique. Il s’agit pour vous d’un enjeu municipal : il s’agit de lancer un signal à la droite et à l’extrême-droite. »
Bref, deux visions juridiques, mais aussi politiques de « l’Affaire Léo Lagrange » entre Thierry Kovacs et Erwann Binet, totalement différentes. Qui pourraient se terminer en justice. Une hypothèse qu’évoqua Thierry Kovacs : « ce serait le meilleur moyen, de voir ce que dira la justice… » Ira-t-on jusque là ? A suivre…
Photo : Jean-François Merle, président du Club Léo Lagrange et membre de l’opposition au conseil municipal de Vienne. Il a expliqué son absence sur les bancs du conseil municipal lundi soir :« devant l’ampleur bien excessive et inutile que prend « l’Affaire Léo Lagrange », j’ai décidé afin d’apaiser la situation de ne pas siéger au conseil municipal. » Et d’ajouter : « en effet si je suis le président du Club Léo, je suis avant tout au conseil municipal un élu siégeant pour représenter les électeurs de la liste « Vienne Citoyenne » qui nous ont fait confiance et non pas le représentant d’une association comme il en existe beaucoup à Vienne. » Il ajoute en conclusion : « je suis conseiller municipal depuis 1983. Je n’ai manqué que trois séances… »