Vienne sera jeudi prochain l’épicentre médiatique d’un procès qui va sans nul doute faire parler beaucoup de lui. Il opposera la famille Grataloup au méga-groupe chimique Mansanto/Bayer. L’enjeu dépasse le cas de cette famille : que le lien soit reconnu entre les malformation congénitales dont souffre Théo, 17 ans aujourd’hui, et le glyphosate.

Tous les procès qui se sont déroulés, notamment aux Etats-Unis contre la firme chimique Mansanto-Bayer portaient sur les cancers.

Pour la première fois devant le tribunal judiciaire de Vienne, il s’agira de malformations qui pourraient être dues à un pesticide, le glyphosate. Tel est l’enjeu du procès qui se déroule à Vienne le jeudi 3 avril.

Un pavé dans la mare, alors ! Sabine Grataloup qui habite dans l’Agglo avait annoncé en 2017 qu’elle allait attaquer tout bonnement le géant américain de la chimie, Monsanto.

« Mes amis, il est temps de vous faire part de notre décision d’attaquer les fabricants et distributeurs de désherbant à base de glyphosate en justice pour leur responsabilité dans la mise sur le marché de désherbants à base de glyphosate, qui ont causé les malformations et les souffrances de Théo… » Telle était l’annonce qu’elle avait alors effectuée sur son compte Facebook provoquant un petit séisme.

Elle accusait et accuse toujours le glyphosate, présent dans les pesticides commercialisés par le géant américain, d’être responsable du handicap de son fils Théo. Théo vit avec une trachéotomie et a déjà subi plus de cinquante opérations.

Pour Sabine, sa maman, le glyphosate qu’elle a utilisé alors qu’elle était enceinte, est responsable de ces malformations. Elle a en effet utilisé l’équivalent du Round Up dont le principe actif est le glyphosate, au tout début de sa grossesse, sur un terrain situé sur la propriété familiale, en août 2006.

Et ce n’est qu’un an après la naissance de son fils explique-t-elle, qu’elle a fait le lien entre le handicap de Théo et l’utilisation du produit de manière répété.

« Nous nous devons de le faire, avant tout pour Théo qui aura à faire face toute sa vie aux conséquences de son exposition in utero à un produit qui n’aurait pas dû être sur le marché », avait-elle alors expliqué.

Et d’ajouter : « Nous devons le faire aussi pour protéger les enfants à venir, devant la difficulté des politiques à réagir de façon efficace et indépendante face à cette menace sur la santé publique.

Une première victoire a déjà été acquise par la famille Grataloup qui a obtenu le fait de bénéficier du Fonds d’indemnisation des victimes de pesticide, en 2022.

Rappelons que ce pesticide, l’un des plus utilisés dans le monde, est accusé par le CIRC (Centre International de Recherche contre le Cancer), basé à Lyon, une institution reconnue, dépendant de l’OMS d’être un « cancérigène probable ».

Une lutte de longue haleine que mène Sabine Grataloup : elle a été ainsi la première personne à se présenter comme témoin devant le Tribunal Monsanto, le… 15 octobre 2016, le point de départ de son combat.

Sabine et Théo Grataloup seront donc appelés à s’exprimer comme témoins devant le tribunal de Vienne.

Les juges devront ensuite décider si la famille doit être indemnisée par le chimiste et de combien…

Quant au groupe Mansanto/Bayer il n’a pas souhaité s’exprimer avant l’audience « par respect pour la procédure judiciaire en cours  On ne connaît donc pas sa stratégie de défense.

Sabine Grataloup avait livré un témoignage vidéo poignant sur son fils Théo : https://vimeo.com/187882106

(Photo Reporterre. Lors du procès Monsanto en 2016 à La Haye. En médaillon, Sabine Grataloup porte la photo de Théo, son fils)