C’est souvent comme cela. Il faut être reconnu à l’extérieur pour être reconnu chez soi, en l’occurrence à Vienne et à Lyon.

On va désormais beaucoup voir et entendre le tromboniste viennois Robinson Khoury qui vient d’obtenir le titre envié de musicien français de l’année (Prix Django Reinhardt *), décerné à Montrouge, dans la soirée du lundi 10 mars par l’Académie du Jazz. Il a été choisi par le jury parmi quatre nominés (voir ci-dessous).

C’est lui qui va animer musicalement la présentation 2025 de la 44ème édition de Jazz à Vienne, salle du Manège, le 13 mars. Il ouvrira aussi, toujours à Vienne les concerts du Club de Minuit à Cybèle, cet été, toujours dans le cadre du Festival de Jazz.

Et enfin, avec sa formation Sarab, il participera prochainement à la 2ème édition du Festival RECIF qui est le nouveau Festival de Jazz de Lyon : il se produira au Périscope.

Mais qui est donc véritablement le tromboniste et compositeur de Jazz, âgé de trente ans, que beaucoup sont en train de découvrir ?

Il est né en 1995 d’une mère, Frédérique Brun, chanteuse à l’origine de la création d’un Chœur Jazz : les Livi’zz et d’un père, Philippe Khoury, pianiste dont la famille est d’origine libanaise qui est chargé de la section Jazz du Conservatoire de Vienne rassemblant une centaine d’élèves.

HPI de la musique

Il suffit d’écouter ses parents parler du fiston lorsqu’il était une graine de musicien : Robinson Khoury est un HPI de la musique !

Tout d’abord, tout petit, il voulait devenir chanteur : il est entré à l’âge de sept ans à la très sélective Cham (Classe à horaires aménagés musique) de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon, mais ayant mué très jeune, il a été obligé de s’arrêter et de se tourner vers un instrument. Connaissant un professeur de trombone qu’il affectionnait particulièrement, il a donc choisi cet instrument, un peu au hasard.

Un hasard qui a bien fait les choses : sans cesse à la recherche de nouvelles frontières musicales, au trombone, au synthétiseur modulaire et à la voix, Robinson Khoury qui a été formé aux Conservatoires de Vienne et de Lyon a d’emblée choisi de marier jazz avec musique électronique et musique ancienne.

Cette créativité l’a amené à produire déjà plusieurs albums.

Après Frame of Mind, son premier disque en tant que leader en 2019, il sortait en 2022 Broken Lines, un deuxième album, inspiré par la peinture moderne du XXème siècle et plus précisément au moment où des artistes comme Picasso, Klee, Miro ou encore Kandinsky …. ont abandonné le figuratif pour s’intéresser à l’abstraction, à travers l’architecture et la géométrie.

Il vient de sortir son dernier album Myïa.

Ce dernier opus est inspiré de mélodies anciennes, de rythmes sur peaux et de musique arabe, mis en relief par des sonorités électroniques.

Sur ce disque, il est accompagné par Anissa Nehari aux percussions et Léo Jassef aux claviers.

De Michel Portal à Bojan Z

Illustration de cette carrière météorique, la liste des musiciens de renom avec lesquels Robinson Khoury a collaboré, parmi lesquels figurent les plus grands : Quincy Jones, Michel Portal, Bojan Z, Leïla Martial, Ibrahim Maalouf, Natacha Atlas, Marcus Miller, Théo Ceccaldi, Laurent Coulondre …

On l’a vu aussi aussi participer au projet L’Odyssée du Sacre du Tympan, dans le prestigieux orchestre symphonique de jazz Metropole Orkest (Pays-Bas) en tant que tromboniste soliste ; voire encore au sein de l’Ensemble Octotrip composé de 6 trombones, 1 euphonium et 1 tuba) pour lequel il arrangeait la Partita n°1 en Si Mineur de Johann Sebastian Bach…

Il est également le fondateur du groupe Uptake qui a remporté le Tremplin ReZZo du Festival Jazz à Vienne, permettant  à cette formation d’enregistrer son premier album So Far So Good en 2015.

Il n’a pas oublié les origines libanaises d’une partie de sa famille. Une manière d’aller à la recherche de ses racines, il joue enfin au sein du groupe franco-syrien Sarāb qui navigue entre jazz contemporain à l’énergie rock et musiques traditionnelles arabes qui se produira prochainement au Périscope à Lyon dans le cadre du Festival RECIF.

Vous l’avez compris, tout auréolé de son nouveau et tout frais titre de Musicien Jazz de l’année 2024, vous allez pouvoir désormais retrouver fréquemment Robinson Khoury tout en haut de l’affiche… Le Trombone Shorty français ?

(*) Ce prix, le principal de ce palmarès « est décerné à un instrumentiste/vocaliste français qui s’est distingué dans l’année par ses apparitions en concert, par un enregistrement ou par une œuvre comme soliste, instrumentiste, compositeur ou chef d’orchestre. Le prix Django Reinhardt fait écho à une actualité vivante. Il ne peut être décerné à un instrumentiste qui ne s’est pas singularisé dans l’année, fût-il/elle génial. », dixit l’Académie du Jazz.

Les quatre musiciennes  et musiciens qui étaient nominés :