Malgré un Festival d’Avignon Off décalé et raccourci du fait des Jeux Olympiques, on n’a jamais autant compté de spectacles au Festival off d’Avignon, cette année : plus de 1 600 qui se sont déroulés dans près de 140 salles. Un record !
Le rideau de ce Festival est désormais baissé depuis dimanche dernier.
Etant donné qu’en fonction de ces circonstances, le Off a attiré moins de spectateurs, cette année, il y avait deux types de metteurs en scène sur place : ceux qui devaient, selon la tradition avignonnaise « tracter » et multiplier les affiches dans les rues pour faire venir le public et ceux qui bénéficiant d’un bon bouche à oreille -primordial !- et de bonnes critiques dans la presse, se révélaient pleins comme un œuf dès le premier soir.
Michel Belletante, directeur du théâtre François Ponsard à Vienne et metteur-en-scène de la pièce « Ils ne méritent pas tes larmes » s’est par bonheur retrouvé dans la deuxième catégorie.
Donnée au « Petit Louvre » dans une salle de 85 spectateurs, la pièce qui rassemble le journaliste/acteur Thomas Snégaroff et le saxophoniste Xavier Bussy a vite trouvé son flux régulier de spectateurs. « Nous n’avons pas eu besoin de beaucoup l’accompagner par des affiches ou des tractages, le public est tout-de-suite venu », se félicite Michel Belletante qui était aussi à Avignon comme chaque année pour « faire son marché » des spectacles qui seront au programme de la saison 25/26 du théâtre François Ponsard.
Pour le directeur du théâtre de Vienne, ce succès est aussi dû au fait qu’à « la vingtième représentation, Thomas Snégaroff est désormais totalement habité par son personnage, ce qui donne une vraie profondeur à la pièce.»
Cette création nous fait vibrer à partir d’un pan de l’histoire des Etats-Unis alors en pleine ségrégation sudiste : ce jour où neuf noirs sont entrés, entourés de soldats fédéraux dans le lycée de Little Rock (Arkansas) devant une foule haineuse et déchaînée dans le cadre de la lutte contre la ségrégation raciale du gouvernement fédéral.
Jouant successivement plusieurs personnages, Thomas Snégaroff qui a lui-même, avec Michel Belletante, transposé cette pièce, tirée d’un livre qu’il a lui-même écrit, nous fait entrer avec une mécanique implacable et beaucoup d’émotion dans ce jour historique.
Un spectacle par ailleurs ponctué par les accents des différents saxos de Xavier Bussy : à Vienne le jazz n’est jamais très loin…
S’agissant d’une coproduction avec l’Atelier Théâtre Actuel à Paris, cette pièce a déjà été jouée dans la capitale. Et son succès à Avignon a naturellement fait venir de nombreux directeurs de théâtre qui devraient la programmer à l’avenir, une fois les contrats signés…
Car, en matière de Festival Off du moins, Avignon est avant tout une grande scène où les professionnels venus de tout l’Hexagone viennent « faire leur marché ». D’où nécessité absolue de sortir du lot. Et il faut bien reconnaître qu’au milieu de 1 600 spectacles, ce n’est pas la chose la plus facile du monde…