On s’en doutait : la magie de l’organiste Rhoda Scott présente sur la scène du théâtre antique de Vienne devant 3 200 festivaliers ne va pas jusqu’à faire cesser la pluie. Elle s’est ainsi invitée une bonne partie de la soirée du jeudi 11 juillet, faisant des claquettes sur les gradins, mais n’a pas altéré un spectacle particulièrement enthousiasmant.

 

D’abord parce que l’on a retrouvé ce soir là un certain « Lady quertiet » créé à Jazz à Vienne en 2004 et depuis singulièrement étoffée avec une impressionnante section de cuivre féminine composée de Lisa Cat-Berro (saxophone alto) ; Géraldine Laurent (saxophone alto) ; Sophie Alour (saxophone ténor) ; Jeanne Michard (saxophone ténor) ; Céline Bonacina (saxophone baryton) et Airelle Besson (trompette). Bref, tout simplement quelques-unes des meilleurs instrumentistes de jazz en France.

Il ne faut pas oublier pour doper le tout une double section rythmique riche en swing avec deux batteuses : Anne Paceo et Julie Saury.

Le swing a donc régné en maître et devant le clavier de son orgue Hammond, Rhoda Scott n’a pas été la dernière à lancer de grandes envolées « d’impros » donnant irrésistiblement envie de danser.

Mais inversant la tradition : l’organiste de 86 ans aux pieds nus (encore ce soir là…), n’avait pas invité pour accompagner ses « souffleuses », un chœur de femmes, mais un chœur d’hommes. Et là aussi parmi les meilleurs chanteurs de jazz du moment : David Linx, Hugh Coltman et Emmanuel Pi Djob, qui se sont joints à son orchestre.

Toute cette puissante alchimie signée Rhoda Scott a admirablement bien fonctionné, faisant oublier du côté des spectateurs l’humidité ambiante et se traduisant par une longue standing ovation.

Beaucoup d’émotions et de générosité donc lors de cette première partie de soirée.

Même si le swing notamment dans sa version boogie-woogie est resté présent dans la seconde partie de soirée avec l’arrivée sur scène du Britannique Jools Holland et de sa formation, on entra cette fois dans un show beaucoup plus classique.

Cela fait trente ans déjà que ce pianiste anglais présente sur la BBC l’un des shows télé et musicaux les plus populaires de son pays natal : « Later… With Jools Holland. »

On se serait donc cru à la BBC, Jools Holland jouant -outre celui de pianiste et de chef d’orchestre- le rôle d’animateur, présentant les chanteuses et chanteurs qui se sont succédés lors de son show.

Bien calibré, efficace, mais on est resté plutôt spectateur.

Reste que cette soirée grâce à Rhoda Scott restera dans les annales de Jazz à Vienne via le fluide rare, passé ce soir là entre la scène et le public. Trempé, mais aux anges…