Plantons le décor tel qu’il s’est présenté le lundi 8 juillet à partir de 22 h 15 sur la scène du théâtre antique de Vienne : trois guitares à la queue leu leu, un piano et un synthé, mais aussi un guéridon avec large fauteuil et un porte-manteau.

Tel est l’environnement dans lequel Asaf Avidan costumé et cravaté s’est déplacé pendant tout son spectacle lors de sa toute première prestation viennoise, sous l’égide de Jazz à Vienne, du moins, car il avait été présent au Festival des Authentiks, en 2012 dans le cadre, déjà, du théâtre antique…

En face, sur les gradins : 7 500 festivaliers venus parfois de loin pour ce chanteur, compositeur et multi-instrumentiste israélien qui assurément a ses fans attirés par cette personnalité musicale hors du commun.

Ce qui frappe d’abord, c’est sa voix, aussi éraillée, à faire parfois mal, que celle de Janis Joplin, mais en plus aigu. Il en use et abuse la poussant parfois dans ses retranchements et ce, en faisant voyager son public dans des paysages musicaux des plus variés, du rock, au folk, en passant par le blues ; voire même la musique électronique : dans ce domaine il en connaît manifestement un rayon !

Bref un artiste à la fois insaisissable et hypnotique.

Depuis une dizaine d’années qu’Asaf Avidan mène, après avoir quitté le groupe rock et folk des Mojos, une carrière en solitaire, il trace sa route, remplaçant à lui seul tout un orchestre.

Il joue de la guitare, du piano, du synthé, de l’harmonica, utilise toutes les techniques possibles pour la rythmique, mais si ce n’était pas encore suffisant, il tord aussi la bouche de drôle de manière pour imiter les instruments à vent.

Inutile de dire qu’avec toute cette mise en scène bien calibrée, ce véritable homme orchestre, se met le public dans la poche. Pas difficile par ailleurs car le public est tout acquis d’une certaine manière subjugué même par cet artiste atypique qui sait aussi bien véhiculer une émotion à fleur de peau que distiller de temps à autre quelques réflexions philosophiques ou des traits d’humour. Au final, une étonnante présence scénique !

Auparavant, c’est une belle voix, pas éraillée du tout, en revanche, bien fluide, qui s’est exprimée sur scène dans un répertoire mi-gospel, mi-blues : celle de Lizz Wright que l’on a déjà eu le plaisir d’ouïr à Vienne dans le passé.

Fort bien accompagnée notamment par un Adam Levy aux belles envolées à la guitare, ne se répartissant pas d’un sourire lumineux, elle a permis au public venu par Asaf Avidan de patienter fort agréablement sur un mode plutôt ballade. On aurait aimé un peu plus de swing, mais bon…