On entre dans la 2ème et dernière semaine de campagne électorale avant le 1er tour des élections législatives., le 30 juin.

Cela a été dit et redit : cette dissolution surprise de l’assemblée nationale amène à des élections éclair dont peu peuvent prédire le résultat. Tout reste très ouvert et il ne faut surtout pas calquer sur ces législatives le résultat des Européennes.

Le mode de scrutin des législatives est en effet très différent des élections européennes. Et ce, pour une bonne raison : il y a en fait 577 élections différentes, 577 équations différentes pour chacune des circonscriptions de l’Hexagone.

Et contrairement aux Européennes, la connaissance, la personnalité, l’aura même des candidat(e)s déjà connus des électeurs est propre à changer la donne dans une certaine mesure selon tous les politologues.

Ainsi, le professeur de droit public Romain Rambaud l’assure : « Il y a notamment l’attachement à la personne du député qui reste important dans ce vote, particulièrement dans l’hypothèse des sortants. » Un nom connu et un ancrage local peuvent ainsi contredire des intentions de vote nationales.

Qu’en est-il dans la 8ème circonscription de l’Isère ?

Deux seulement des six candidats en lice étaient présents lors des dernières législatives en 2022 : il ont déjà largement arpenté le terrain et partent dans une certaine mesure avec cet avantage de bien connaître la 8ème circonscriptions et ses maires et d’être connus des électeurs.

Il s’agit d’abord de Caroline Abadie, la députée sortante Renaissance/Ensemble dont c’est la 3ème campagne électorale.

En 2022 elle était arrivée en tête au 1er tour avant de l’emporter face au candidat RN avec près de 55 % des suffrages second tour.

Il y a ensuite Jean-Claude Lassalle (LR canal historique)

Certes son parti est dans une configuration un peu plus difficile, mais Jean-Claude Lassalle connaît bien le terrain et s’il n’était pas vraiment connu en 2022, il l’est désormais. Il avait alors obtenu au 1er tour en 2022 un peu plus de 20 % des suffrages au 1er tour, plus que le score national LR. Il est de surcroît accompagné de l’homme politique le plus connu de la circonscription, très solidement implanté, Thierry Kovacs, comme suppléant.

Qu’en est-il des deux autres principaux autres candidats ?

La nouvelle venue, Hanane Mansouri qui a décroché l’investiture de l’alliance des droites (RN/Eric Ciotti) n’est pas du tout connue.

C’est sa première élection. Elle découvre le terrain. Son atout est de représenter un parti, le RN qui a le vent en poupe. En revanche, le seul élu de l’extrême droite au conseil municipal de Vienne, Adrien Rubagotti (Reconquête) la soutient et fait campagne avec elle, ce qui peut constituer un atout.

De même, Cécile Michel, la candidate du Nouveau Front Populaire, si elle se présente pour la 1ère fois à la députation n’est pas une novice en politique : elle est élue (d’opposition) à Condrieu et a été élue aux élections régionales. Elle s’appuie de surcroît sur les quatre partis de la coalition qui sont bien implantés sur la circonscription et bénéficie donc de relais et d’une centaine de militants sur le terrain. Une présence visible…

Quand aux deux derniers candidats ( LO et défense du bitcoin), ils ne participaient pas au dernier scrutin et leur présence sur le terrain est faible.

Bref, à cette aune, faut-il s’attendre à des surprises le soir du dimanche 30 juin, face à ce scrutin pas joué d’avance ? Pas impossible du tout…

Vers une triangulaire ?

D’autant qu’un dernier paramètre pourrait rendre ces législatives encore plus incertaines cette année.

En effet, la question de la participation des électeurs à ces élections va se révéler cruciale.

L’abstention devrait reculer, ce que les sondages prédisent actuellement avec une participation record de 62/64 %. Ce que d’ailleurs le nombre de procurations laisse aussi augurer.

Bref, le seuil de 12,5 % des inscrits nécessaire à la qualification au second tour du candidat arrivé troisième, sera mécaniquement plus facile à atteindre.

Les triangulaires étaient très rares en 2022 (huit seulement), elles pourraient être beaucoup plus nombreuses cette année, avec l’existence des trois principaux blocs (RN/Renaissance/Gauche) dans le scrutin de la 8ème circonscription, avec un sérieux outsider :  Jean-Claude Lassalle.

C’est donc bien le cas sur la 8ème où l’on pourrait bien se retrouver avec une triangulaire, contre un duel en 2022… Et, alors là…