L’idée de Jean-Paul Boutellier, le créateur de Jazz à Vienne, en donnant vie depuis février au Quartier Latin Jazz Club au musée de Saint-Romain-en-Gal était de faire venir de grandes pointures internationales tout au long de l’année dans la ville de Jazz à Vienne, mais aussi de mettre en évidence les jazzmen locaux-et ils sont nombreux- qu’on n’entend pratiquement jamais à demeure !
C’est ainsi que l’on a pu ouïr le dimanche 26 mai les solos étourdissant du trompettiste viennois Hervé Salamone ; puis, bis repetita, dimanche 2 juin, un autre pilier du jazz viennois, le batteur Alain Dumont, 81 ans, qui fêtait là son jubilé, en l’occurrence ses cinquante années consacrées aux notes bleues.
« Je tire ma révérence » a-t-il chanté en reprenant la chanson du crooner français Jean Sablon au nombreux public qui se pressait dans l’ex- restaurant du musée de Saint-Romain-en-Gal, ; un Alain Dumont, transporté par ce concert, « mon dernier concert », a-t-il lancé avec un large sourire.
Un concert qui boucle la boucle pour celui qui a participé aux débuts du « Hot Club de Lyon », puis enchaîné les créations et les participations à de nombreux groupes de jazz en trios, quartets, quintets, big bands et qui s’est produit en concerts avec des musiciens américains de la trempe de Hank Mobley, Nathan Davis, Dizzy Reece, Sonny Grey, Slide Hampton, voire encore Clift Jordan. Bref, celui qui tout au long de sa vie de batteur n’a pas hésité à se lancer de de fort nombreuses aventures musicales, la passion au bout de ses baguettes…
Pour fêter l’homme attachant et le batteur, les musiciens de haute volée, ses potes, étaient nombreux à l’entourer pour ce jubilé jazz, tenant à multiplier les arabesques et les envolées musicales lors d’improvisations enfiévrées pour être à la hauteur de l’événement : Rodolphe Guillard au saxophone ténor ; Hervé Salamone à la trompette ; Wilhelm Coppey au piano ; Michel Perez à la guitare ; Jerome Regard, puis ensuite à la fin du concert Pascal Berne à la contrebasse.
De la sorte, le public présent a pu bénéficier de deux heures d’un swing de haute intensité, à travers des compositions et des arrangements plus enlevés les uns que les autres, de « Friday night at the Cadillac club » de Bob Berg, en passant par le bien nommé, vu le moment, « Blues on sunday » de Joshua Redman ; voire encore « Geo roses » pour ne citer que ces compositions.
Bref, on l’aura compris, ce n’était en rien un concert d’adieu, mais une vraie fête, une ode à la musique de jazz et à l’amitié qui lie les fous de musique bleue.