Fermeture du SMUR, craintes sur les urgences : aucun doute, l’hôpital de Vienne est en souffrance. Explication : de nombreux médecins ont déserté le centre hospitalier depuis la pandémie. Caroline Abadie, députée de la 8ème circonscription de l’Isère s’exprime sur cette situation inquiétante.
On le sait, près de deux cents soignants, urgentistes, médecins ou infirmiers, se sont réunis lundi 18 septembre devant le centre hospitalier de Vienne pour alerter sur la dégradation de la prise en charge des patients.
Seuls huit médecins sur un effectif normal de 22 assurent le fonctionnement du Smur (Structure mobile d’urgence et de réanimation), mais aussi des urgences et des soins continus.
La seule solution, vu cette raréfaction des effectifs a été que les ambulanciers de l’hôpital qui couvrent 117 communes à partir de Vienne cesse leur activité.
Les médecins ont déserté l’hôpital de Vienne
Comme l’a souligné la direction de l’hôpital de Vienne, ce sont les services des hôpitaux voisins qui ont pris le relais.
Mais ce que soulignent bien les soignants du centre hospitalier viennois est le « le risque d’une perte de chances pour les patients. »
Une situation d’autant plus inquiétante qu’aucun délai de réouverture n’a été annoncé.
Explication de ce manque criant de personnels soignants : après la pandémie, de nombreux médecins se sont dirigés vers des secteurs plus attractifs comme le privé ou, au plus proche, les Hospices Civils de Lyon, pourtant désormais lié au centre hospitalier viennois, désertant l’hôpital du Mont Salomon…
« Si ça continue, on va devoir trier les patients. Il va falloir en envoyer ailleurs, on ne va plus pouvoir gérer cette situation. C’est totalement inacceptable. Quand on est soignant, on s’engage, ce n’est pas pour trier des patients », dénonce ainsi Corinne Raousset, aide-soignante à l’hôpital de Vienne et secrétaire du syndicat FO, interviewée par France 3.
Le récent plafonnement des médecins intérimaires en cause ?
Pour sa part, Caroline Abadie, députée Renaissance de la 8ème circonscription de l’Isère où se situe le centre hospitalier viennois reconnait que « la situation actuelle des urgences de nombreux hôpitaux, dont celui de Lucien Hussel, est particulièrement préoccupante. »
Et d’assurer que « c’est un problème complexe que nous avons pris en main depuis 2017 et qui ne se résout pas d’un claquement de doigts. Nous avons commencé par la suppression du numerus clausus qui ne produira ses effets que 10 ans après. Nous n’en serions pas là, si d’autres l’avaient fait plus tôt. »
Elle rappelle que « le Ségur de la santé a permis une revalorisation de 7,6 milliards d’euros par an et une reprise de dette de 10 milliards d’euros, soit 5 millions d’euros pour l’hôpital de Vienne, qui bénéficiera également du financement de son projet de rénovation. »
Donc, pour la parlementaire, « ce n’est donc pas du tout un abandon de l’Etat de son service public de santé. »
Elle pointe du doigt une explication supplémentaire : « au manque de médecins se sont ajoutées des rémunérations extravagantes, tournant autour de 4 000 € par jour.
C’est probablement le récent plafonnement à 1 390 € par garde de 24 heures qui provoque cette fuite vers le privé. Pourtant, en travaillant 2 jours par semaine, un médecin remplaçant peut gagner 11 000 € / mois. Faut-il relever ce plafond ? Faut-il réquisitionner ?
Faut-il revoir le mode de financement des études de médecine ?
Ce sont des questions à débattre dans la prochaine loi de financement de la sécurité sociale. Mais je veux surtout saluer tous ceux qui font encore vivre l’hôpital public et qui honorent leur serment d’Hippocrate. »