Lors du conseil municipal qui s’est déroulé lundi soir à Vienne, la 9ème délibération portant sur le défrichage d’un ½ ha de terrain au pied de Pipet pour y planter de la vigne a été sans doute celle qui a été la plus marquante de la soirée.
D’une part parce que l’autorisation demandée aux élus de voter pour défricher un terrain appartenant à la municipalité pour y planter de la vigne a été votée à l’unanimité, opposition comprise, ce qui n’est pas si courant.
Mais aussi parce qu’elle a donné lieu à un échange très vif entre Thierry Kovacs, maire de Vienne et Jean-François Merle, conseiller municipal présent sur les bancs de l’opposition.
La discussion de cette délibération avait pourtant bien commencé, Thierry Kovacs expliquant qu’il avait accédé au souhait de deux viticulteurs « locaux » dont le nom n’a pas été cité, de planter de la vigne au pied de la colline de Pipet.
Et ces deux viticulteurs d’expliquer au maire qu’il y avait déjà eu dans le temps de la vigne plantée à cet endroit, carte postale ancienne (photo) à l’appui !
Ce serait donc là le deuxième vignoble viennois, après celui installé entre le murs de la Bâtie, le fameux Château La Bâtie, à base de syrah.
Il s’agit donc désormais de défricher ces coteaux où poussent quelques robiniers, des arbres proches de l’acacia.
La délibération a donc été votée à l’unanimité : la ville mettra à disposition des deux viticulteurs ces coteaux, leur demandant non pas un loyer en argent sonnant et trébuchant, mais en liquide : en l’occurrence, des bouteilles de chaque récolte « qui seront servies lors des réceptions à la mairie », précisa Thierry Kovacs.
On aurait pu en rester là si Jean-François Merle, conseiller d’opposition, n’était intervenu pour pour ajouter un sérieux bémol à l’ambiance consensuelle qui régnait à ce moment, en rappelant qu’ « on est là dans une zone réservée, car plusieurs mines de plomb ont été exploitées dans le passé sur le secteur jusqu’en 1840. » Et d’ajouter : « On a produit aux alentours de Pipet, dans le temps, jusqu’à 3 000 tonnes de plomb. »
Une intervention qui fit sortir Thierry Kovacs de ses gonds en haussant aussitôt le ton : « Je ne vais pas vous laisser dire que le maire planterait des vignes à un endroit où existerait un quelconque danger : c’est scandaleux de dire çà et très déplacé ! C’est agiter un chiffon rouge qui n’existe pas ! Tout a bien évidemment été étudié à fond et les mines en question sont bien loin des futures vignes », tacla le maire.
On passa ensuite à la délibération suivante, cet accrochage n’ayant pas pour autant « plombé » la soirée…
Ceci dit, il faudra attendre quatre à cinq ans avant que les futures vignes produisent du vin : le temps non seulement de défricher, mais encore d’attendre la 3ème ou 4ème feuille qui donnera lieu, n’en doutons pas avec un tel emplacement bien orienté, à un nectar de qualité. Quel nom pour ce futur domaine ? On n’en est pas encore là…
Photo : vignes au pied de Pipet au siècle dernier