Des années 70 à 2000, il a marqué L’Isère de sa forte empreinte politique. Maire de Vienne pendant trente ans, mais aussi député, sénateur, mais encore président du conseil général de l’Isère. Une carrière qui l’avait aussi amené à être le 3ème personnage de l’Etat en prenant la présidence de l’assemblée nationale, suite à sa très grande proximité avec François Mitterrand.

C’est sans doute l’un des maires de Vienne qui soit resté le plus longtemps à la tête de la ville qu’il gérait avec poigne : trente ans.

Vivant depuis de nombreuses années en Essonne, il était revenu le 6 mai dernier à la salle-des-fêtes de Vienne pour soutenir Murielle Laurent, la candidate PS/Place Publique aux Européennes, en présence des responsables socialistes locaux. Rétrospectivement, une forme d’adieu à Vienne.

Louis Mermaz qui a marqué la ville de son empreinte vient de décéder à l’âge de 92 ans.

Il a été de tous les combats en Isère, comme maire de Vienne sur une très longue durée, mais aussi député, sénateur et président du conseil général, durant ces trois décennies.

Une carrière qu’il devait à sa grande proximité avec François Mitterrand. De tous les compagnons de route de François Mitterrand, c’était le fidèle d’entre les fidèles : il l’a servi jusqu’au bout.

Né le 20 août 1931 à Paris, Louis Mermaz ne connaîtra que sur le tard ses origines. Une vérité qu’il révélera dans ses Mémoires, Il faut que je vous dise (Odile Jacob, 2013).

Son père, Louis de Chappedelaine, était un ministre de la IIIe République dont il ne porta jamais le nom parce que, déjà marié, il n’épousa pas sa mère.

La carrière de Louis Mermaz passa d’abord par l’enseignement.

Professeur agrégé d’Histoire, il enseignera d’abord pendant quinze ans, au lycée du Mans, puis au lycée Lakanal à Sceaux et enfin à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand.

C’est au printemps 1954 que son destin bascule : il croise le chemin de François Mitterrand et sa vie change, il est happé par la politique. Elle ne le quittera plus.

Il rejoint en 1956 François Mitterrand, dans un petit parti centriste, l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR). Il se présente sous cette étiquette aux élections législatives dans l’Orne, mais échoue à trois reprises, en 1956, en 1958 et en 1962.

Artisan de la fusion de divers clubs de gauche, il suit Mitterrand à la Convention des institutions républicaines (la CIR) dont il sera, en 1966, secrétaire général.

Ses échecs aux élections législatives dans l’l’Orne l’amènent à Vienne où, accueilli par les Socialistes locaux, il est parachuté et élu pour la première fois député, de l’Isère.

A un médecin qui critique son parachutage, il explique, cité par Le Monde : « L’Orne reste de droite, j’ai préféré, Monsieur, changer de département plutôt que de convictions. »

Avec François Mitterrand, Louis Mermaz rejoint le Parti socialiste, en 1971, au congrès d’Epinay.

Responsable des fédérations, il tient l’appareil avec poigne. Et il retisse des liens avec le Parti communiste.

En 1971, il ravit à Maurice Chapuis, un centriste, la mairie de Vienne qu’il détiendra donc pendant trente ans, sans discontinuité jusqu’en 2001.

ll est battu aux législatives en 1968 mais se fait réélire de 1973 à 1990. Redevenu député en 1997, il choisit de rejoindre le Sénat en 2001 où il restera jusqu’en 2011.

Il sera aussi président, de 1976 à 1985, du conseil général de l’Isère, cumulant les fonctions, ce qui ne serait plus possible aujourd’hui.

Membre de la garde rapprochée de Mitterrand, ce très proche l’accompagne naturellement dans sa conquête du pouvoir.

Lorsqu’après la dissolution de l’Assemblée nationale, une vague rose arrive au Palais Bourbon, François Mitterrand propose naturellement le « perchoir » à Louis Mermaz.

Il cumulera les deux, Vienne et la présidence de l’assemblée nationale : le 2 juillet 1981, il est élu président de l’Assemblée nationale par 295 suffrages sur 446 votants.

Il promet de présider avec « impartialité ». « Nous ne sortons pas des égouts, lance-t-il à la droite qui voit en lui un usurpateur. Nous savons nous servir de couverts à poisson. » L’opposition l’estime sectaire.

Dans toutes ses fonctions, Louis Mermaz se fait le chantre d’un pur socialisme.

Au congrès de Valence, en 1981, il lance  :  » Tous les éléments d’une contre-révolution se mettent aujourd’hui en place. Il faut frapper vite et fort contre le sabotage de notre économie.  »

En 2007, il soutient Ségolène Royal mais, après l’élection de François Hollande, il lui reproche de ménager « l’ordre capitaliste » et de préférer sa régulation.

Il a expliqué avoir revoté pour Emmanuel Macron en 2022 contre Marine Le Pen. « Au nom d’une certaine idée de la République. »

Cette vie politique marquée par les plus hauts postes de la République masquait un double drame personnel.

Il a eu avec son épouse Annie, trois enfants : une fille, Laure et deux garçons, tous deux décédés. Une double épreuve qui l’a terriblement meurtri, mais qu’il a affronté avec dignité : Frédéric, victime d’un accident de planche à voile à 20 ans, en 1991 ; et Pierre qui s’est suicidé en 2003.