Vice-président délégué à « l’Environnement et à l’écologie positive » de la région Auvergne Rhône-Alpes, Thierry Kovacs a représenté Laurent Wauquiez lors de la COP 27 qui s’est déroulée à Charm el-Cheikh en Egypte et qui a abouti de l’avis des observateurs à un bilan pour le moins mitigé. Le « Monsieur Environnement » de la région confirme et détaille pourquoi, tout en mettant néanmoins l’accent sur quelques facteurs d’optimisme.
Globalement, que retirez vous de cette COP 27 ?
Thierry Kovacs-Le résultat de cette COP 27 est effectivement décevant.
Pourquoi ?
D’abord et c’est très important parce qu’elle ne s’accompagne pas d’une volonté supplémentaire de diminution des Gaz à Effet de Serre (GES) et d’une diminution plus rapide encore de l’utilisation des énergies fossiles qui s’avérerait pourtant nécessaires.
En étant sur place, on se rend compte que les choses ont été tronquées.
Qu’est-ce à dire ?
La réalité est par exemple que l’Afrique n’émet que 3 % des Gaz à Effet de Serre et est un continent très touché par les effets du réchauffement climatique. Or, l’on continue dans ces COP à fonctionner comme dans les années 90 où de grands pays, très pourvoyeurs de GES comme la Chine ou l’Inde sont toujours considérés comme des pays émergents.
Ils ne contribuent pas à aider, comme l’Europe ou les Etats-Unis, les véritables pays émergents, à hauteur de leur contribution au dérèglement climatique.
On n’a pas su prendre à cet égard le problème à bras le corps, ce qui constitue un véritable frein !
Une déception importante, donc, cette COP27 ?
Oui, dans la mesure où on n’a obtenu qu’un accord a minima pour accompagner les pays émergents peu émetteurs de Gaz à Effet de Serre au sein desquels on constate déjà de gros dégâts.
Je pense qu’elle n’a pas été du tout à la hauteur de l’urgence climatique.
Mais n’y a-t-il pas cependant quelques motifs d’espérance ?
Oui, tout-de-même.
On se rend compte en étant sur place qu’il y a deux COP. Celle que reflètent les médias, avec la photo officielle des chefs d’Etat et des communiqués officiels ; et celle des autres Etats qui agissent vraiment et le font savoir : près de 200 Etats, ainsi que nombreuses régions comme Auvergne-Rhône-Alpes étaient représentés : ils profitent de la COP pour montrer en marge, leurs actions et, là, c’est plutôt encourageant.
On constate ainsi un fossé entre la COP officielle et celle de tous ces petits Etats et des Régions.
J’ai ainsi peu animer dans ce cadre un atelier sur l’hydrogène décarboné.
Parmi les 40 000 participants présents à cette COP 27, beaucoup étaient là pour chercher à développer des solutions, loin des discours officiels.
Tout ce que l’on voit et entend en marge de cette COP constitue une grande leçon que l’on ne retrouve pas du tout dans les discours officiels.
Vous étiez aussi présent dans le cadre d’une ONG à laquelle adhère Auvergne-Rhône-Alpes ?
Oui, la Région adhère à Région 4, une ONG qui sur le thème du changement climatique réunit des régions du Monde et qui a voix au chapitre dans le cadre des COP.
C’est dans ce cadre de Région4 que j’ai évoqué la forte implication de la région Auvergne-Rhône-Alpes en matière d’hydrogène puisque nous sommes une des rares régions au monde à promouvoir tout le processus d’énergie décarbonée, de la production d’hydrogène vert, à son transport, son stockage et sa consommation.
Au regard de cette COP27, les 1,5 degré de hausse maximale des températures définis par l’Accord de Paris seront-ils tout-de-même atteints ?
On peut malheureusement dire, au vu du bilan de cette COP que cet objectif ne sera pas tenu.
Il aurait fallu un engagement fort des Etats à cette occasion pour tenir cet objectif, il n’a pas eu lieu.
Dans ce cadre que peut faire une région comme Auvergne-Rhône-Alpes ?
Accélérer nos efforts dans ce domaine comme l’a impulsé Laurent Wauquiez, et notamment en développant de manière très importante nos capacités photovoltaïques, ce qui va être engagé à travers un grand plan solaire.
Nous avons également mis en œuvre toute une politique visant un développement important de la méthanisation.
L’objectif est de faire croître les énergies renouvelables de 54 % dans la région d’ici 2030.
Cela va impliquer de très gros efforts de financement…