Lorsqu’il a fallu décider bien en amont de faire ou non le Festival de Jazz viennois, son directeur, Samuel Riblier reconnaît qu’à l’époque il s’agissait d’un pari. On ne savait pas alors quelles seraient fin juin les conditions sanitaires, mais reconnaît-il “avec toute l’équipe nous voulions absolument le faire.”
On peut donc dire, au lendemain du dernier soir et de sa traditionnelle “All Night Jazz” qui s’est terminée ce matin aux aurores : pari gagné !
Pour Thierry Kovacs, président de l’Epic Jazz à Vienne, ce pari a été réussi » grâce au public qui s’est rendu au théâtre antique malgré l’épidémie, les contraintes sanitaires, les orages : on voit là le socle de notre public !”
A l’heure du bilan : Benjamin Tanguy, directeur artistique ; Thierry Kovacs, président de l’Epic Jazz à Vienne et Samuel Riblier, directeur.
Ce qui se traduit dans les chiffres. Au total, Jazz à Vienne aura drainé cette année au théâtre antique 61 000 spectateurs sur 17 soirées, ce qui représente 3 600 festivaliers par soirée. Ce qui est plus qu’honorable si on se souvient qu’était imposée une jauge de 50 % sur les gradins, la première semaine et que cette même jauge si elle n’existait plus la deuxième semaine était contrainte par les contrôles du pass sanitaire et la longue file d’une centaine de mètres qu’elle suscitait !
Lorsqu’on regarde froidement les chiffres en dehors du contexte très particulier de cette année, on constate une baisse de 18 % par rapport au dernier Festival, en 2019 (74 500 festivaliers cette année là sur les gradins du théâtre antique), une année elle-même marquée par un recul de la fréquentation de 9,5 %.
On peut donc malgré tout se poser la question de savoir si le modèle sur lequel vit le Festival depuis 40 ans, même s’il a connu déjà des inflexions ne mérite pas encore d’évoluer, comme toute structure vivante par ailleurs. Toute crise sert aussi souvent de révélateur.
Cette année a déjà par ailleurs amené des évolutions qui ont rencontré le succès, à l’instar des concerts au petit matin à Pipet suivis par 220 personnes ; ou encore, les siestes jazzy, le Yoga Jazz ou Jazz for Kids qui ont trouvé un terrain de jeu musical idéal sur les nouvelles Terrasses du Jazz.
72 000 festivaliers au total
Même si pour des raisons pécuniaires évidentes le cœur du Festival à Cybèle n’a pas vibré cette année, il y a eu en effet tout-de-même de nombreux concerts gratuits : 62 qui ont drainé 11 000 spectateurs sur la quinzaine/
Rien à voir bien évidemment avec les 96 000 festivaliers que Cybèle avait drainé en 2019 (+ 19 % cette année là), mais au final, entre les gradins du théâtre antique et les concerts grauits, Jazz à Vienne aura drainé cette année 72 000 festivaliers contre 170 000 en 2019. Vu ces chiffres à replacer dans le contexte, on a bien la confirmation que les organisateurs de Jazz à Vienne ont fait le bon choix, au regard de tous ces festivals qui ont décidé en France de jeter l’éponge.
Côté finances, Thierry Kovacs, le président de l’Epic Jazz à Vienne n’est pas inquiet, bien que les comptes du Festival soient loin d’être clos. “Il est vrai que Jazz à Vienne est un Festival qui repose à 80 % sur la billetterie et les partenariats privés qui sont retés fidèles cette année, malgré les circonstances”. Le manque à gagner probable devrait en partie être comblé par “les mesures d’aides prises par le ministère de la Culture pour aider les Festivals cette année”, assure-t-il. Il faudra que les comptes soient définitivement établis pour connaître le montant des compensations ministérielles.
Des noms déjà dévoilés pour le Festival 2022
Déjà l’équipe organisatrice du Festival se projette dans l’année prochaine. C’est d’autant plus facile qu’à l’occasion des annulations, les artistes concernés ont déjà signés pour le Festival 2022 dont on connaît déjà la date : du 29 juin au 13 juillet.
Il y aura du lourd : George Benson, Jamie Cullum (dont le concert a été annulé à deux reprises), Black Pumas, Maceo Parker, Nubiyan Twist, Thomas Leleu.
Quand à la saison Jazz-il ne faut pas oublier que Jazz à Vienne, c’est aussi toute l’année-, elle démarrera le 9 octobre avec un concert Blick Bassyy & Dowdelin au Manège de l’Espace Saint-Germain à Vienne et proposera neuf dates dont Michel Portal (le 18 octobre), Gregory Porter (le 1er novembre) ou encore Chucho Valdès (le 17 novembre), and so on…
On peut bien dire que cette année Jazz à Vienne a vaincu le Covid. Il ne lui reste qu’à poursuivre dans cette voie. Les notes bleues plus forte que la pandémie !
Photo-Près de 3 500 spectateurs hier au théâtre antique pour la « All Night Jazz » qui s’est terminée aux aurores, une jauge située dans la moyenne des concerts du Festival