Bien évidemment, Lionel Martin ne pouvait commencer son concert matutinal qu’en jouant “Softly in a morning sunrise”… Il était 6 h 30 en ce matin du dimanche 27 juin, au Belvédère de Pipet à Vienne. Le soleil commençait à irradier les hauteurs de Saint-Romain-en-Gal et du Pilat, ainsi que le doux visage de la vierge noire qui trône sur ce haut lieu.
Drôle d’heure pour un concert. Certes, mais comme dans beaucoup de domaines, la crise du Covid-19 a décuplé la créativité et Jazz à Vienne, pour innover lors de cette quarantième édition a donc décidé de programmer deux concerts aux aurores et ce, sur le plus joli point de vue de Vienne. Et ce, en présence d’un peu plus d’une centaine de festivaliers qui avaient pris place sur des transats rouges ou des chaises face au théâtre antique en contrebas et à la vallée du Rhône serpentant sous leurs yeux.
Pourquoi avoir choisi le saxophoniste lyonnais Lionel Martin pour défricher ce concept innovant dans la gamme des concerts de Jazz à Vienne ?
Après distribution de cafés et de croissants, Benjamin Tanguy, directeur artistique de Jazz à Vienne expliqua, avant que les premières notes ne retentissent, que “Lionel Martin était un musicien tout terrain qui a l’habitude de jouer seul, dans la rue aussi à Lyon où il se fait de temps à autres interpeller par la police…” Un musicien qui a d’ailleurs créé son propre label où il se produit à la fois lui-même, ainsi que d’autres musiciens de jazz.
Un excellent choix en tout cas que celui de Lionel Martin qui, habillé d’un costume dessiné par le peintre Robert Combas (*) a enthousiasmé le public par sa capacité à improviser et à les emmener avec lui dans des paysages musicaux très évocateurs et parfois stratosphériques.
Une preuve de cette capacité à improviser : lorsque l’église de Pipet se mit à faire sonner ses cloches à 7 heures et qu’il accompagna musicalement. Ou encore, ce détricotage savant de “Summertime” ; voire encore, sans doute le moment le plus superbe de son concert, lorsqu’à partir de la trame sonore de métiers à tisser enregistrés à “Soirie Vivante” à Lyon, il propulsa le public dans une dimension d’une extrême poésie.
-Le prochain concert “au lever du soleil” est programmé le 4 juillet, toujours au Belvédère de Pipet, toujours à 6 h 30, avec la violoncelliste Audrey Podrini.
(*) Robert Combas a également dessiné la couverture de son dernier opus : Solos.