Ce devait être Seu Jorge pour la soirée brésilienne de Jazz à Vienne programmée de longue date le samedi 26 juin. Ce ne sera en définitive pas lui que l’on apercevra sur la scène du théâtre antique.
“Il doit retourner au Brésil pour tourner une série Netflix et du fait de la quarantaine, le Brésil étant classé rouge, il a dû annuler le spectacle”, avait alors expliqué Benjamin Tanguy, directeur artistique du Festival, à l’annonce du changement. Ce qui ne devrait pas empêcher la communauté brésilienne lyonnaise, drapeaux au vent, d’être fort nombreuse sur les gradins, comme à l’ordinaire.
Heureusement là, pas d’annulation, en effet, un musicien brésilien va remplacer un autre brésilien : Chico Cesar qui, lui était déjà en France et venait de finir sa quarantaine : il était disponible pour grimper au débotté sur la scène viennoise.
Moins connu que Seu Jorge, homme du Monde, homme de combats et homme de lettres : tel est Chico César, un musicien à la créativité foisonnante de la musique brésilienne.
Figure majeure de la scène musicale actuelle au Brésil, Chico César, voix doucement enrouée, posée, caressante, est à la fois un chantre de son époque et un artiste intemporel qui, loin de s’endormir sur ses lauriers se réinvente corps et âme, ou plutôt look et musique, à chaque album, à chaque tournée.
Saura-t-il réenchanter le théâtre antique pour cette soirée brésilienne qui sort quelque peu de celles qui ont précédé ? Réponse ce soir.
“O Céu é Velho Há Muito Tempo”
Sur scène également ce soir : Lucas Santtana.
Ne confondez pas Carlos Santana avec Lucas Santtana. Si le premier est mexicain, le second est un Brésilien amateur de synthé.
ll s’est montré dès ses premiers disques aussi à l’aise avec une guitare acoustique, un arrangement de cordes, l’electro, les ballades mélancoliques façon Elliott Smith ou Radiohead, le rock ou encore la bossa nova. Bref, Lucas Santtana s’est nourri à de nombreuses sèves, même si la première d’entre elles est le tropicalisme qui a popularisé la musique brésilienne dans le monde entier.
Voici deux ans, “O Céu é Velho Há Muito Tempo” le voyait renouer avec la simplicité d’arrangements épurés, tandis qu’il s’emparait de questions politiques et sociales ô combien brûlantes dans son pays natal, c’est le moins qu’on puisse dire.
Jazz à Vienne lui a donné carte blanche et ça devrait être très intéressant : il a convié deux musiciens aux parcours voisins : le saxophoniste français Baptiste Herbin, dont le Brésil est devenu la terre d’adoption, et le metteur en son touche-à-tout Joao Selva, originaire de Rio de Janeiro, qui s’est installé à Lyon.
Un trio peu commun qui devrait produire de belles étincelles…
Line-up : Lucas Santtana (g,z v), Joao Selva (g, v), Baptiste Herbin (s)