Certes : aucun spectateur debout et une jauge limitée à 5 000 spectateurs, a annoncé le ministère de la Culture en direction des festivals de l’été. Mais l’essentiel est là : après des semaines d’incertitude, la 40ème édition de Jazz à Vienne, annulée l’an passé, est sur les rails et dispose d’un cadre précis. Même s’il reste encore de nombreuses inconnues autour de l’édition, rendez-vous le 23 juin prochain pour la première soirée du festival !
Attendue mais redoutée, l’annonce est décisive. Après des semaines de réflexion sur fond d’évolution de la pandémie et des risques qu’elle fait courir, le gouvernement –par la voix de Roselyne Bachelot, ministre de la Culture- a enfin fixé le cadre dans lequel vont pouvoir/devoir se couler les festivals de l’été. Sauf retournement de dernière heure, la 40ème édition de Jazz à Vienne démarrera bien le 23 juin prochain, dans 4 mois donc.
Dans le communiqué ministériel publié jeudi, chaque mot compte, pesé, soupesé par la ministre et ses collaborateurs (*).
Comme elle s’y était engagée il y a quelques jours, Roselyne Bachelot, a donc fixé le cadre dans lequel ces festivals, de toutes tailles, de toutes esthétiques, pourraient ou non s’organiser. Au vu du flou qui régnait jusque là, l’annonce n’a rien de banale.
En revanche, pour certains gros festivals, dont l’une des caractéristiques est d’abord de recevoir un public “debout” et nombreux, le communiqué ministériel sonne le glas de l’édition 2021. Ainsi, le Hellfest, le plus gros festival “metal” de l’Hexagone, a annoncé son annulation. La chose n’est pas anodine : ces festivals accueillent avant tout de jeunes publics qui se retrouvent donc, privés de leurs évènements-référence, après combien de mois de confinement, de solitude et de vie entre parenthèses. Galère, c’est peu dire.
C’est pourquoi, le mot d’ordre gouvernemental, même s’il est avant tout guidé par l’évolution sanitaire, ne sonne pas comme un soulagement. Loin de là.
Vienne : “C’est très important pour nous de faire un festival”
En revanche, pour certains festivals, dont Jazz à Vienne, l’horizon s’éclaircit enfin.
“Pour nous c’est très important de faire un festival, explique Benjamin Tanguy, directeur artistique de Jazz à Vienne. C’est nécessaire pour tout le monde, bénévoles, artistes, musiciens. C’est important pour le territoire et pour tout le monde après toute cette période où nous avons été privés de festival”.
C’est en effet une quasi-certitude : la 40ème édition de Jazz à Vienne démarrera donc bien le 23 juin pour se clôturer le 10 juillet. Désormais, en effet, et c’est ce que demandaient ses responsables, le cadre de l’édition est fixé. “On va travailler là-dessus, dit Benjamin Tanguy, Ca faisait partie des scénarios que nous avions travaillés. Certes, il reste beaucoup de sujets dans le flou. Il va falloir se remettre au travail”. Choix des plateaux, équilibre entre artistes, reconfiguration du théâtre etc..
Concrètement, le conseil d’administration du festival se réunira dès cette semaine et dès lundi, les négociations-discussions avec les artistes attendus ou leurs agents devraient reprendre. Sur la base des éléments connus à ce jour et qui fixent, avec 5 000 spectateurs maxi, la limite budgétaire des soirées. Certaines tournées, européennes ou mondiales, dont l’équilibre financier se joue sur une ou deux soirées, sont déjà annulées, ou en passe de l’être même si deux ou trois festivals en France souhaitaient les programmer. De même, “certains plateaux ne vont pas pouvoir se faire”, note Benjamin Tanguy, même si dans ce contexte, tout le monde va forcément y mettre du sien. “C’est toute la complexité : Comment vont se positionner les agents ? Il y a plein de questions à résoudre”. Ainsi la présence ou l’absence d’artistes britanniques en raison du problème posé par le Brexit.
Théâtre antique : une jauge limitée à 5 000 spectateurs
Mais l’essentiel est tout de même là : si le théâtre antique peut accueillir jusqu’à 7 500 spectateurs, une jauge limitée à 5 000 “assis” permet néanmoins d’accueillir la majorité des soirées.
D’autres questions se posent, dont celles des recettes annexes. Quid des buvettes et lieux de restaurations intégrés dans l’enceinte du théâtre antique ? Quid de Cybèle, du Club de Minuit et du “Off”, l’une des fiertés de Jazz à Vienne, puisqu’il permet pratiquement pendant 12 heures d’affilée d’écouter du jazz gratuitement en échange des entrées payantes du théâtre antique ?
“Pour l’instant, on ne sait pas. Si nous réussissons à faire une quinzaine de concerts c’est déjà une victoire”. Mais ce qu’on peut déduire de la situation, c’est que chaque lieu se verra imposer un protocole sanitaire spécifique. Ce qui induira des précautions particulières (bénévoles dédiés, mesures diverses de séparation entre spectateurs, surveillance des flux, travail avec la sous-préfecture et les différents services sanitaires compétents etc..).
En tout cas, pour Jazz à Vienne, le compte à rebours est désormais enclenché : “dans quelques jours, nous annoncerons quelques contrats”, assure le directeur artistique et la programmation quasi définitive devrait être annoncée fin mars.
Deux fonds d’aides créés par le gouvernement pour aider les festivals
S’il n’échappe à personne que si la situation sanitaire se dégradait de nouveau, tout pourrait être remis en question, l’essentiel est tout de même dans ce feu vert officiel attendu depuis des mois. Il s’accompagne par ailleurs de plusieurs mesures financières : des aides diverses seront données soit en cas d’annulation (notamment si une production engagée devait être supprimée pour cause de variant) soit pour compenser les billetteries.
Un fonds de compensation de 30 millions d’euros est mis en place à cette fin. “Nous allons solliciter cette aide”, confirme Benjamin Tanguy, mais rien ne dit qu’elle pourra combler les recettes manquantes dans la mesure où une édition de Jazz à Vienne se construit sur 12 à 15 soirées à même d’accueillir chacune 7 500 spectateurs.
Enfin, un deuxième fonds de 15 millions d’euros est prévu pour aider les “captations”. “A Vienne, nous captons beaucoup de concerts et nous sommes sur un gros dossier d’archivage audio, video, photo” et le festival devrait pouvoir là encore prétendre à des aides.
Jean-Claude Pennec
(*) Le communiqué du ministère de la Culture : “Les organisateurs de festivals (en salles comme en plein air) sont incités à imaginer des formats différents avec une jauge maximale de public de 5 000 spectateurs, avec distanciation, sur un même site et pour un même événement- comme celle qui était en vigueur l’été dernier ;
Des modalités d’accueil du public en configuration assise : Ce cadre devra être précisé sous la forme de protocoles sanitaires spécifiques, en concertation avec les professionnels, et soumis à la validation du Centre de crise sanitaire et du Centre interministériel de crise. Des points d’étape réguliers auront lieu avec les professionnels, afin de l’adapter à l’évolution de la situation sanitaire :
Si la situation sanitaire se dégrade, les jauges et les protocoles devront être adaptés en conséquence ;
Si, à l’inverse, la situation sanitaire s’améliore, il pourrait être envisageable d’augmenter la jauge au-delà de 5.000 personnes et/ou d’autoriser les configurations debout”.