Une start-up grenobloise, SFly s’apprête à élever des mouches de manière industrielle pour en extraire de la chitine, grâce à un procédé de bioconversion et d’extraction chimique, une molécule actuellement très recherchée. C’est même pour beaucoup, la molécule du futur ! Pour une bonne raison : elle est 100 % biodégradable dans le corps humain. On envisage même de l’utiliser pour la fabrication de sacs biodégradables destinés à remplacer les sacs plastiques.
L’usine verra le jour en 2019 au Sud de Vienne, sur la zone Inspira de Salaise-sur-Sanne.
L’usine de 8 700 m² où sera extraite la chitine transformée en poudre blanche et en chitosan, comprendra aussi une serre de 1 200 m² dédiée à l’élevage de mouches hermetia illucens ou black soldier fly (la mouche soldat noir)…
Si cette start-up a obtenu les financement (dont une aide de la Région) pour construire cette usine, c’est que la demande pour cette molécule aux multiples applications est forte et ne cesse d’exploser
La chitine ? Un biocide, un anti-bactérien et un anti-oxydant doté d’un atout majeur : il est biodégradable dans le corps humain.
Elle offre de nombreuses applications, médicales notamment, mais pas que…
Elle peut aussi entrer dans la composition de futurs vaccins ou encore, à l’aide d’une imprimante 3D, permettre la fabrication de peau synthétique destinée aux grands brûlés.
Il existe actuellement dans le monde près de…90 000 brevets utilisant la chitine ou du chitosan.
Les cosmétiques sont aussi de gros consommateurs de chitine.
Or, pour répondre à tous ces besoins, la France est une grosse importatrice de chitine : elle est importée d’Asie qui représente 80 % de la production mondiale, essentiellement à partir de crabes et de crevettes.
Les prix grimpent car les besoins sont croissants. La demande mondiale s’établit à 75 000 tonnes, alors que seulement 40 000 tonnes ont été produites en 2017 dans le monde.
A savoir que le kilo de chitine varie selon sa qualité de 15 euros (chitine industrielle), à plus de 300 euros (chitine pharmaceutique), le kilo. C’est cette dernière que veut produire Sfly.
D’ici 2021, le site de Salaise-sur-Sanne devrait ainsi être le premier à produire en Europe de la chitine.
Avec sa future usine, SFly annonce pouvoir fournir à terme une production « en quantité et de qualité. » D’abord 90 tonnes de poudre blanche de chitine, puis 500 tonnes par an en 2021.
Dix-huit personnes devraient travailler sur le site au démarrage l’année prochaine, dont deux tiers d’ouvriers pour élever … les mouches et un tiers d’ingénieurs. A terme, ce seraient près d’une soixantaine de personnes qui devraient œuvrer sur le site.
Illustration (SFly) : La future usine, avec à gauche, les serres où les mouches seront élevées