Est-il possible à ce jour d’estimer la mortalité véritable dans notre pays, liée au Covid-19 ? Si oui, comment ?
Le décompte officiel, des victimes françaises de l’épidémie n’intégrait jusqu’à présent que les morts liées au coronavirus, survenus à l’hôpital.
Les décès en Ehpad et dans les établissements médico-sociaux ont été ajoutés à partir du 2 avril.
En parallèle, dans une volonté de transparence, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publie chaque semaine un décompte par département, ainsi que le détail des décès selon l’âge, le sexe et le lieu.
Réalisé à partir des données d’état civil des mairies de France, cet indicateur inclut l’ensemble des personnes mortes en France, toutes causes confondues.
Additionnés, ces chiffres montrent une augmentation sensible du nombre de morts, toutes causes confondues, en France, par rapport à la même période de 2018 et 2019. Et cette hausse est particulièrement nette à partir de la mi-mars.
En l’absence de remontée, dans ces données, sur les causes de décès, il n’est pas formellement possible de lier la hausse de la mortalité au Covid-19. Mais dans les régions fortement touchées, comme le Grand-Est et l’Ile-de-France, on peut supposer que l’importante mortalité observée est liée à l’épidémie.
La carte ci-dessus représente l’excès de mortalité mesuré par l’Insee entre le 1er mars et le 10 avril 2020 comparée à la moyenne des décès observés durant la même période en 2018 et 2019.
A la date du 10 avril, l’excès de mortalité est très net dans le Haut-Rhin, épicentre de l’épidémie depuis début mars avec une augmentation de + 135 % du nombre de morts par rapport à la moyenne de 2018 et 2019.
L’Ile-de-France, et surtout Paris et les trois départements limitrophes de la petite couronne, connaît aussi sur la période de fortes hausses de la mortalité par rapport aux deux années précédentes : + 60,1 % dans la capitale, + 100 % (soit une multiplication par deux) en Seine-Saint-Denis, + 93,9 % dans les Hauts-de-Seine et + 78,1 % dans le Val-de-Marne.
Heureusement, les départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’offrent pas de chiffres aussi affolants, même s’ils sont encore bien trop élevés.
Dans le département le plus touché, le Rhône, la surmortalité calculée par l’Insee est de 25,6 % (2 131 décès enregistrés contre 1 596 en moyenne ces dernières années).
En Isère, cette surmortalité est de 4,1 % (1 013 décès enregistrés contre 974 en moyenne, ces dernières années).
A l’échelle nationale, on constate une hausse de 5 % de la mortalité chez les hommes entre le 1er mars et le 10 avril 2020 par rapport à la moyenne des deux années précédentes, alors que la hausse n’est que de 1 % pour les femmes.