A partir de ce dimanche 10 juin au soir, et pendant trois jours jusqu’au 13 juin, des militants agricoles vont bloquer treize raffineries réparties dans toute la France, dont celle de Feyzin.
Avec une possibilité de reconduire le mouvement par les protestataires…
Faut-il redouter une pénurie ? « Pour le moment non, indique-t-on au ministère des Transports. La France dispose rappelons-le de trois mois de réserves stratégiques. Et si le mouvement venait à perdurer, nous prendrions des mesures pour approvisionner les stations essence en tension ».
Même si politiquement cela peut s’avérer dangereux, il se peut aussi que comme il l’a fait lors du blocage de cette même raffinerie par des militants CGT dans le cadre du conflit sur la loi travail, le gouvernement ne tarde pas à faire évacuer par la force les abords de la raffinerie de Feyzin.
En tout cas, l’objectif des agriculteurs, en l’occurrence, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le premier syndicat du secteur, associé à celui des Jeunes Agriculteurs, est de s’en prendre à l’une des ressources qui font tourner le pays : le carburant.
Ce qui provoque la colère des agriculteurs, c’est notamment la bioraffinerie de Total à La Mède dans les Bouches-du-Rhône dont la mise en service est prévue pour cet été.
Le groupe pétrolier français y a investi 275 millions d’euros pour que le pétrole brut provenant directement des gisements terrestres et maritimes soit remplacé par du biocarburant, en l’occurrence des huiles végétales.
Problème : près de la moitié des produits à raffiner, soit 300 000 tonnes par an, sera de l’huile de palme, provenant en grande majorité de l’étranger. Ce qui fait hurler les producteurs français de colza.
Autre sujet de mécontentement des agriculteurs : les normes qui leur sont imposées et que ne subissent pas leurs concurrents étrangers qui inondent le marché français.
« Nous souhaitons dénoncer les contradictions du gouvernement, explique Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA. Elles font peser sur nos agriculteurs des contraintes que ne subissent absolument pas leurs concurrents à l’étranger. Pourtant ils ont le droit d’exporter ici en France. Cela crée une distorsion de concurrence dramatique. »
Ce blocage des raffineries vise également à dénoncer les risques au niveau des importations, comme le Mercosur : un accord qui vise à faciliter les échanges commerciaux entre l’Europe et quatre pays d’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) ; avec à la clef, l’arrivée supplémentaire de produits agricoles et de viandes étrangères…
Bref, beaucoup de revendications de la part des agriculteurs qui cristallisent cette action spectaculaire annoncée.