Il est rare de voire un préfet, en l’occurrence Fabienne Buccio, préfète de Région et du Rhône « allumer » avec autant de vigueur le maire d’une ville. Et ce, à propos d’un sujet sensible, celui des PFAS, ces polluants éternels qui agitent beaucoup de municipalités de l’Est lyonnais.
1er round : dans communique diffusé le 30 mai, le maire d’Oullins-Pierre-Bénite, communes désormais mariées, Jérôme Moroge, annonce vouloir faire machine arrière après que sa ville – anciennement Oullins, et représentée par Clotilde Pouzergue – ait accordé, en mars 2021, un permis de construire pour l’extension de l’usine Daikin.
Le maire réclame en effet la suspension de l’autorisation préfectorale accordée à l’usine, permission limitée à l’origine « à des considérations urbanistiques et rendue bien avant la révélation de la pollution aux perfluorés (PFAS) sur le territoire communal ».
Car en effet, les industriels de Daikin et sa voisine Arkema sont soupçonnés de rejeter près de 3,5 tonnes de « polluants éternels » autour de leurs usines d’Oullins et Pierre-Bénite.
La réplique n’a pas tardé. Dans un autre communiqué intitulé « Gestion de la pollution aux perfluorés, préférons la confiance et la transparence aux effets médiatiques », Fabienne Buccio réplique sans ambages :
« Le Maire d’Oullins-Pierre-Bénite semble découvrir ce jour le projet d’extension de l’usine Daikin Chemical France dont la situation a pourtant été discutée, à l’initiative de la Préfecture, à l’occasion de douze comités de suivi de la pollution des perfluorés dans la région lyonnaise. Le Maire a systématiquement participé sans jamais exprimer les propos qu’il préfère rendre publics par voie de presse.
Le projet a également été présenté au Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques (CODERST) en septembre 2023.
Ces méthodes ne sont pas celles l’État et de ses services. Depuis deux ans, l’État a impulsé un processus de concertation avec les élus basé sur la confiance et la transparence.
« Un encadrement strict et restrictif de la production de Daikin »
Contrairement à ce qui est indiqué par le Maire d’Oullins-Pierre-Bénite, l’unité pré-compound n’entraîne pas une évolution substantielle de l’installation existante : bien au contraire la capacité de production n’est pas modifiée. Dès lors, aucune autorisation n’est nécessaire. La seule autorisation donnée est celle donnée par le Maire d’Oullins-Pierre-Bénite pour l’ autorisation d’urbanisme. La Préfecture a quant à elle pris un arrêté encadrant l’exploitation.
Cette unité de Daikin ne conduit pas à des rejets de PFAS dans l’eau. L’arrêté préfectoral du 1er février 2024 impose à Daikin des mesures très strictes :
-Une surveillance obligatoire de l’absence totale de rejets de PFAS dans l’eau ;
-Un plan de substitution de l’utilisation des substances PFAS dans un délai de trois ans ;
-Une étude vérifiant l’absence d’impact sanitaire et environnemental ;
-Un rapport d’étape régulier sous 18 mois portant sur une veille sanitaire et technologique concernant la faisabilité de la substitution ;
-Un plafond de rejet dans l’air (1 mg/m3) qui correspond à la fourchette la plus basse pouvant être fixée. Celui-ci est d’ores et déjà respecté.
-Une surveillance régulière dont les résultats seront transmis au service de l’État. Plusieurs contrôles inopinés seront effectués par les services de l’État.
Et la préfète de conclure : « le meilleur moyen pour un Maire de soutenir et de protéger ses citoyens est de travailler aux côtés de l’État en confiance et en transparence. »
Dans le domaine du football, cela s’appelle un tacle…
Photo : DR, Jérôme Moroge, maire d’Oullins-Pierre-Bénite