Hier, lundi 16 juillet, était soir de retrouvailles. Trois ans sans théâtre antique, trois ans sans Sting.

Des gradins pleins, une odeur de pierre chaude et un écho de ragga dans les sous-sols.

On ne reconnaît pas Sting immédiatement. On est surpris par cette amorce venue d’ailleurs, par ces accents que l’on n’attend pas… forcément, les retrouvailles sont timides, tâtonnantes.  On s’apprivoise l’un l’autre.

Il est pourtant bien là. Toujours aussi droit, toujours aussi blond. Il a cette présence que les autres n’ont pas. Il a confiance, et il nous faut nous laisser prendre.

« Don’t make me wait too long, too long to love you. » Si l’on doutait aux premières chansons, un vent joyeux et chaud –qu’on appelle sirocco- nous emporte, et gonfle la grand voile : les voilà qui lâchent les amarres.

Le capitaine est tantôt noir, tantôt blanc.

La destination ? L’universalisme (Shaggy n’aura de cesse de le répéter). Il nous faut lâcher prise et se laisser prendre.

On vise les rivages de ce royaume qui existe encore, où les accents anglais et jamaïcains ne se discernent pas, car ils sont chantés, où les continents se mêlent, et où l’histoire des deux nations s’efface.

Le royaume où « Shape of my heart » a enfin nouvelle allure, car le cœur dont il est question est partagé : aujourd’hui il a du sang noir en lui.

Sur ces rivages, dans cette nuit de juillet, on peut y voir des jeux d’acteurs et puis des jeux tout court.

On peut y voir les chœurs qui prennent les devants de la scène.

Enfin une parité noir blanche parfaite, qui ne relève d’aucune obligation infantilisante, mais bien d’une amitié, d’une connivence certaine que l’on est à même de sentir du 4ème étage.

Ce royaume c’est eux qui le font exister. « There is yet another kingdom »… tant qu’ils chantent.

Hier était soir de retrouvailles, de découvertes ; et à mon grand plaisir ce n’est que le début…

Lazhar