C’est Elisabeth Ayrault, la présidente de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) qui a lancé ce cri d’alarme lors des vœux de la « Compagnie » à Lyon, devant de nombreux élus. Malgré les crues récentes, le fleuve-roi souffre de sécheresse et d’un moindre apport à la fonte des neiges. Son débit moyen a diminué de 30 % depuis vingt ans. Et cela devrait empirer à l’avenir avec de nombreuses conséquences économiques.
En crue depuis plusieurs semaines, le Rhône donne l’impression d’un fleuve abondant. D’autant que les barrages disséminés le long de son cours donnent le change.
Les quais du Rhône et de la Saône, ainsi que certains parkings à Lyon, ou l’île Barlet à Vienne, ont tous été récemment sous les eaux, mais les apparences sont trompeuses, car cette montée des eaux cache une situation inverse : au fil des ans, le Rhône souffre de plus en plus souvent de sécheresse.
Son débit annuel moyen en 2017 est inférieur de 30 % à celui des vingt dernières années : il a diminué jusqu’à 300 mètres cubes par seconde l’été dernier. Et les prévisions sont inquiétantes : ce débit moyen devrait continuer à baisser au cours des prochaines années.
Bref si le phénomène perdure, ce qui est le plus probable, le débit du Rhône risque de diminuer de moitié d’ici un siècle, « même s’il existe plusieurs futurs possibles et qu’il faut composer avec l’incertitude », précise la présidente de la CNR.
Il faut savoir que la quantité de neige qui tombe sur les Alpes et les glaciers ont un rôle important dans le débit du Rhône, alimenté par le lac Léman en Suisse et par plusieurs affluents.
La fonte progressive des glaciers touche directement la santé du Rhône. Ainsi, le pic printanier du fleuve, généralement enregistré à la fonte des neiges, a avancé de vingt-deux jours en un siècle…
Pour preuve, en 2017, le fleuve a connu son étiage en décembre : un phénomène de basses eaux jamais vu en période hivernale !
Pour Elisabteh Ayrault, « cette situation nous amène à nous interroger sur l’effet des risques encourus sur l’ensemble des utilisateurs du Rhône : il faut s’y préparer. »
Et d’indiquer le premier levier à mettre en œuvre : « éviter tout gaspillage. » Et là, ajoute-t-elle aussitôt : « Nous avons beaucoup de marges de manœuvre en faisant notamment évoluer les pratiques agricoles. »
Cette situation a aussi des conséquences directes sur le chiffre d’affaires de la CNR : « un tiers d’eau en moins en 2017 dans le Rhône, c’est 150 millions d’euros de chiffre d’affaires en moins. »
Le résultat net 2017 a donc diminué l’année dernière, même s’il s’affiche encore à 6,8 millions d’euros…