Il ne faut pas se leurrer, les 3 000 spectateurs qui avaient pris place lundi 1er juillet sur les gradins du théâtre antique de Vienne pour la soirée piano étaient majoritairement venus pour « Gogo Penguin ». Une bonne raison à cela, non seulement les Britanniques étaient déjà passés par Jazz à Vienne en 2019 et avaient laissé un excellent souvenir chez beaucoup. De surcroît, ils viennent récemment de sortir un nouvel opus et affichent une discographie plutôt riche.

Or, quelle ne fut pas la grande surprise de ces Festivaliers d’apprendre que leurs chouchous passaient en 1ère partie et donc nécessairement en version courte (une heure), comme l’indiquait le timing prévu. Une déception qui s’exprima lorsqu’au lieu de venir après leur prestation pour un bis sous les rappels insistants du public, l’on vit arriver les roadies pour opérer un -long- changement de plateau. Point final.

Explication : si la deuxième affiche de la soirée, la pianiste polonaise Hania Rani, une totale inconnue pour beaucoup, c’est qu’elle avait besoin de la nuit pour son show où la musique joue bien sûr un rôle important, mais aussi les lumières et les projections lumineuses de tous ordres sur le fond de scène.

Point commun à ces deux formations, outre pour chacune d’elle le piano, élément central : le côté hypnotique de leur musique.

Le jazz hypnotique électro en acoustique des Britanniques Gogo Penguin, avec ses motifs répétitifs et le peu de place laissée à l’improvisation joue avec la perception du public, distordant les sons pour mieux brouiller les sens.

A noter à côté du pianiste Chris Illingworth l’excellent contrebassiste Nick Blacka, en forme d’exhausteur de musique comme le ferait la moutarde sur un plat un peu fade.

Chez la pianiste polonaise Anna Rani, il faut aller chercher loin les influences tant elles sont nombreuses : de la musique de chambre à la pop, à la musique planante, en passant par le trip-hop ou l’électro minimaliste, sans jamais se départir de sa sensibilité à fleur de peau, il est vrai, malgré tous les moyens électroniques mis en œuvre.

Elle interpréta un certain nombre de thème tirés de cette dernier album, « Ghosts », une exploration ambitieuse sur des thèmes pas follement drôlatiques, comme la vie et la mort…

En tout cas, cette soirée a eu néanmoins un avantage de permettre la découverte d’une musicienne de 26 ans, à la musique très personnelle, certes un peu lassante à la fin, mais très expressive par tous les moyens mis en œuvre, piano, synthè, voix, projections, lumières, qui se superposent en mode hypnotique…

Photo de tête : les musiciens de Gogo Penguin.