Députée sortante depuis sept ans de la 8ème circonscription de l’Isère, Caroline Abadie est repartie pour une troisième campagne, après la démission surprise de l’assemblée. Une campagne difficile dans ces circonstances lancée avec un président contesté, démonétisé, mais elle estime envers et contre tout que « c’est ma meilleure campagne ». Interview.
Cette campagne de premier tour des élections législatives est-elle différente de la dernière en date, celle de 2022 ?
Caroline Abadie-Je vais vous étonner, mais telle quelle la vis, pour moi, c’est ma meilleure campagne dans la mesure où on s’accroche et on ne lâche rien. Parmi tous les gens que je rencontre, je ressens beaucoup d’énergie ; et ce, malgré le Macron bashing actuel.
Les gens ont compris que l’on vit un moment clé et que cette élection va permettre de clarifier les choses…
Beaucoup d’observateurs parlent de nombreuses triangulaires, cette fois. La participation devrait en effet être en forte hausse. Est-ce votre analyse pour la 8ème circonscription ?
Il y aura beaucoup plus d’électeurs dans les bureaux de vote, c’est sûr. Les informations que j’ai m’expliquent que le nombre de procurations s’est envolé, ce qui constitue un signe fort.
N’est-ce pas difficile de faire campagne alors que le président de la République est démonétisé. Il n’apparaît d’ailleurs pas sur vos documents de campagne, puisque vous vous réclamez de Gabriel Attal ?
Il faut dire deux choses sur Emmanuel Macron. On peut critiquer sa personnalité, mettre en avant l’usure du pouvoir, c’est vrai. Mais on n’enlèvera pas tout ce qui a été fait, les très nombreuses réformes mises en œuvre, les résultats très forts sur le plan économique.
Enfin, on comprend mieux sa logique et la dissolution avec 50 % des extrêmes anti-européens qui se sont exprimés lors d’un scrutin européen !
On n’a pas réussi à construire d’accord avec les autres partis d’opposition, la gauche sociale-démocrate ou la droite classique. Et au vu de ce qui s’est passé ces derniers jours, on comprend mieux pourquoi ! Ces partis étaient déchirés.
Ces deux dernières année, j’ai vécu un affrontement permanent des extrêmes dans l’hémicycle, des injures, des invectives, des outrances. Ils ne parlent pas aux Français, mais qu’à une partie de la France et cela, c’est très grave.
Or, que l’on aime ou que l’on n’aime pas Emmanuel Macron, on sait qu’il représente, lui, l’ensemble des Français.
Le fait que vous est députée sortante depuis sept ans, dans les circonstances actuelles, est-ce un atout ou un handicap ?
Dès l’annonce de la dissolution, j’ai reçu de nombreux messages de soutien. Et pas seulement de ma famille politique…
Bien sûr je ne connais pas tous les 110 000 électeurs de la circonscription, mais j’ai un bon réseau, de nombreux relais, notamment parmi les maires.
Supposons que vous n’êtes pas qualifiée pour le second tout et que l’on se retrouve avec un duel RN/Nouveau Front Populaire ou RN/LR. Pour qui appelleriez-vous à voter ?
Si ce fait se produit, j’attendrai les appels des uns ou des autres et je prendrai le temps de discuter avec chacun. Mais il y a une chose de sûr : repousser les Extrêmes reste mon urgence, ma priorité.
Ce qui m’ en revanche fortement chagriné est que le candidat LR, Jean-Claude Lassalle qui fait campagne avec Thierry Kovacs a placé Emmanuel Macron parmi les extrêmes et cela n’est pas supportable !
Quelle type de campagne effectuez-vous ?
C’est un type de campagne que j’aime faire, aller à la rencontre des gens de la circonscription, sur les marché, dés 7 heures du matin, en porte à porte. J’ai la chance de rencontrer des gens qui n’ont pas eu l’occasion de franchir la porte de ma permanence électorale pendant sept ans.
Et enfin, quels sont les thèmes que vos développez pendant cette campagne ?
La sécurité d’abord : il y a un climat anxiogène. Comme il s’agit de sujets sur lesquels en tant que députée j’ai beaucoup travaillé, j’explique par exemple qu’on a constaté au cours des sept dernières années, un doublement des peines lors des condamnations. Cela ne se dit pas, je pense aussi qu’il existe des peines plus efficaces dans certains cas que la prison comme les TIG ou les bracelets. Nous-mêmes nous avons développé le maillage des gendarmeries avec prochainement un nouvelle gendarmerie à Estrablin, par exemple.
Je parle aussi beaucoup de la Santé. C’est vrai que la situation est loin d’être parfaite, mais il ne faut pas oublier que nous avons effacé la dette de l’hôpital de Vienne avec 5 millions d’euros et que l’on va mettre en œuvre une réhabilitation complète de cet hôpital pour 110 millions d’euros.
Un souhait, enfin pour terminer ?
Oui, celui de réunir tous les Républicains. J’ai eu l’occasion à l’assemblée nationale de travailler avec des LR, comme avec des Socialistes : nous partageons énormément de valeurs ensemble, loin des invectives des extrêmes. Avec ces Républicains, nous sommes d’accord sur l’essentiel !