Ils étaient venus sur leur tracteur d’une trentaine de kilomètres à la ronde : le seul paysan que compte encore Vienne, mais aussi des éleveurs, des maraîchers, des céréaliers, des marchands de bois, etc. Tous sont arrivés sur leur tracteur d’Eyzin-Pinet, Moidieu-Détoube, Moissieu-sur-Dolon, Saint-Jean-de-Bournay, etc.
Du côté des Autorités on avait craint d’abord un gros blocage, dès le matin avec des dizaines de tracteurs provoquant une thrombose de la circulation via un blocage complet de la place Saint-Louis à Vienne.
Finalement, contre toute attente, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé aujourd’hui vendredi 26 janvier à Vienne lors de cette journée tracteur inhabituelle. Une journée finalement sans aucun blocage. Un scénario qui s’est révélé inexact.
Un premier cortège qui s’était d’abord regroupé à Estrablin s’est d’abord installé vers midi tout le long du cours Brillier, permettant aux voitures camions et bus de circuler.
Ils ont ensuite été rejoints en début d’après-midi pas un deuxième cortège de tracteurs qui s’était lui regroupé à Reventin-Vaugris.
Là, la centaine de tracteurs présents s’est installée devant l’Office du Tourisme, et sur les deux voies, le long du quai qui accueille d’ordinaire des bateaux de croisière, face au cours Brillier.
Là encore, la centaine de tracteurs présent a laissé passer les voitures, camions et bus dans les deux sens, sans provoquer de bouchons.
Explication de cette stratégie de la part de Julien Armanet, agriculteur à Saint-Jean-de-Bournay, l’un des leaders de ce mouvement qui n’appartient pas à la FDSEA et tient à marquer son indépendance par rapport au syndicat agricole, :« ce que nous avons fait aujourd’hui, c’est une manifestation agricole. C’est le début d’un mouvement. On n’est pas là pour embêter les gens, ni pour faire des dégradations, mais pour dire que l’on n’en peut plus : la situation est telle qu’elle nous oblige à manifester. »
Et l’autre animateur de ce mouvement, Gaëtan Cuzin de Moissieu-sur-Dolon, d’ajouter : « ce mouvement était pacifique…pour cette fois. ..»
Pour qu’il ne se reproduise pas, il faudrait, expliquent-ils tous deux que les revendications mises en avant connaissent de « vraies réponses » : « qu’il s’agisse des normes, des contraintes, des importations, des déséquilibres des marges, mais aussi des prix qui n’ont jamais été aussi bas : pensez que dans les années 80 le kilo de génisse était payé l’équivalent de 6 euros le kilo. Il vaut actuellement 50 centimes de moins ! »
Après un moment de convivialité à l’aide de saucisses grillées et de bière, le long du Rhône, les agriculteurs en colère ont quitté Vienne dans le milieu de l’après-midi. « J’ai mes vaches à traire », expliquait l’un deux.
Ces mêmes agriculteurs en colère ont enfin regretté que ni le maire de Vienne, ni le sous-préfet n’aient cherché à les rencontrer. Pour être exact il y tout-de-même une élue qui est allée à leur rencontre : Cécile Michel, conseillère régionale du Groupe les Ecologistes…
« Nous avons échangé pendant une heure très respectueusement sur leur colère, la réalité de leur situation et les attentes » a-t-elle commenté.