Le Jazz est-il en perte de vitesse ? Les 4 500 festivaliers qui avaient pris place mardi 12 juillet au théâtre antique de Vienne ont répondu non par leur forte présence. C’était pourtant la quinzième fois que le pianiste en création permanente arpentait la scène du théâtre antique. Un Festival qu’il a vu évoluer au fil des années : son premier concert date de… juillet 1981. Il était alors accompagné par Wynton Marsalis, Ron Carter et Tony Williams…
À 82 ans, le monument Herbie Hancock était à nouveau là, hier soir, entouré de ses fidèles musiciens, le surdoué Terence Blanchard à la trompette et Lionel Loueke au chant et à guitare. Sans oublier Justin Dyson à la batterie.
Ce fut l’occasion pour le pianiste propulsé en pleine lumière par Miles Davis qui a su constamment évoluer sans tourner le dos à l’essence même du jazz-d’où son surnom de “Chamaleon”-d’effectuer lors de ce concert un petit retour sur ses soixante ans de carrière, égrenant les différents styles dans lesquels il s’est investi : du jazz pur, au hip-hop, en passant par le funk, l’électro, etc.
Il y a une semaine dans une longue interview à “Libération”, Herbie Hancock répondait à la question existentielle : “ Le fameux slogan «Jazz is dead» est donc définitivement une farce ironique?”
Et le pianiste de répondre : “ Et comment ! Il suffit d’allumer la radio pour entendre que le jazz n’a jamais été aussi présent, les productions les plus récentes, même en pop, se réfèrent toutes à cette idée du son héritée de Earth, Wind and Fire, James Brown ou…”
A l’entendre hier soir, Il y était bien pour quelque chose dans cette situation. La longue ovation que lui a réservé le théâtre antique a aussi été l’occasion de le remercier pour ce maintien bien haut du drapeau du jazz.
En première partie de soirée, Thomas de Pourquery et les cinq musiciens de sa formation “Supersonic” a emmené avec une égale fraicheur le public vers la lune (Back to the Moon”).
Avec le saxophoniste à la longue barbe, le jazz, creuset de nombreuses influences se fait lyrique, se réinvente, s’hybride, mais reste une musique dans laquelle prédomine la pulsation intérieure, l’improvisation qui, elle ne ment jamais, mais nous transporte..