La députée sortante de la 8ème circonscription de l’Isère, Caroline Abadie est arrivée en tête du 1er tour de l’élection législative du 12 juin avec 23,18 % des suffrages. Elle se retrouve au 2ème tour qui se déroulera dimanche prochain 19 juin, en ballottage favorable, dans un duel face à un candidat du Rassemblement National, Benoit Auguste (22,91 %). Sur le papier, elle bénéficie en effet de plus de réserves de voix que ce dernier, même si elle a perdu en pourcentage, près de 10 % d’électeurs par rapport au scrutin de 2017. Quelle est son analyse du 1er tour ; quelle campagne pour ce 2ème tour ; et la députée Abadie 2 évoluera-t-elle, si elle est réélue..? Entretien.
Même si vous êtes en tête au 1er tour, vous avez perdu près de 10 % par rapport à votre première élection en 2017, tandis que les quatre premiers du scrutin du 12 juin sont dans un mouchoir de poche. Quelle est votre analyse du vote ?
Caroline Abadie-Il y a eu effectivement une perte de près de 10 % des voix par rapport à 2017. Il y a eu incontestablement un effet Mélenchon qui a amené une mobilisation à Gauche qui a bénéficié à Quentin Dogon ; tandis que le candidat LR, Jean-Claude Lassalle, a labouré le terrain, mobilisant une partie de son camp, plus en tout cas qu’en 2017. Mais, même en prenant Thierry Kovacs comme suppléant, cela n’a pas suffi : c’est bien l’illustration que le député n’est pas l’assistant d’un maire, quel qu’il soit.
Il n’empêche, vous vous retrouvez dans la même configuration qu’au 2ème tour de 2017 face à un candidat du Rassemblement National. Et comme en 2017 où vous avez été élue avec 63,88 % des suffrages, en fonction de vos réserves de voix, vous êtes en ballottage favorable. Etes-vous sereine à l’aube de ce 2ème tour ?
Absolument pas. Je suis au contraire toujours inquiète de cette présence du Rassemblement National dont le candidat a été totalement absent de la campagne, qui habite Lyon et est déjà élu dans le département de l’Allier, mais réussit à réaliser un tel score. Ce n’est pas une bonne chose pour notre territoire !
D’autre part, une élection n’est jamais gagnée d’avance, il faut bien en avoir conscience.
Mais vous allez bénéficier de reports de voix ? D’aucuns appellent déjà à faire barrage au RN…
Oui, c’est le cas du PS au niveau de l’Isère et d’Erwann Binet, l’ancien député PS à Vienne qui fait appel au front républicain.
Ce n’est en revanche pas le cas pour les candidats LR, Jean-Claude Lassalle et Thierry Kovacs qui ne donnent aucune consigne. Ils ne prennent aucune responsabilité, rejetant comme toujours leur responsabilité : pour eux, c’est la faute des autres.
J’ai lu des tracts diffamatoires expliquant que je n’avais pas la dignité d’être députée. Peut-être préfèrent-ils que la 8ème circonscription de l’Isère ait un député RN habitant Lyon et élu dans l’Allier…
Quelle campagne électorale pour ce 2ème tour ?
Il n’y aura finalement pas de grand meeting à Vienne. Je vais continuer à sillonner le territoire en allant à la rencontre pour échanger avec la population.
Au regard de cette campagne électorale, de ce qu’elle a pu vous apprendre, la députée Abadie 2 sera-t-elle différente de la députée Abadie 1 si vous êtes élue pour un second mandat ?
Je ne sais pas si je vais changer de méthode, mais je vais à tout le moins essayer de faire les choses autrement et de passer plus de temps avec les gens pour échanger encore plus.
Le maintien et la hausse de l’implantation du Rassemblement National m’inquiète vraiment : je veux agir encore plus sur le terrain pour la contrer.
D’autre part, au cours de la campagne, j’ai beaucoup parlé avec les jeunes, de leurs problèmes, de leurs espoirs : je mettrai en place un “Conseil des Jeunes” sur la circonscription pour être plus encore à leur écoute.