La démondialisation est en route… Le Covid, d’abord, puis la guerre en Ukraine illustrent la fragilité de la France et de l’Europe à l’égard d’un certain nombre de produits importés d’ailleurs en grande quantité et dont les prix non flambent actuellement, mais qui souffrent aussi d’une chaîne de transport désorganisée et hors de prix.
C’est le cas des tourteaux de soja, destinés à l’alimentation animale et qui jusqu’à présent provenaient en grand partie du Brésil, pays où de surcroît la majeure partie est OGM.
L’autonomie régionale et nationale est en passe d’être retrouvée.
C’est ce qu’annoncent, Georges Boixo et Thierry Josserand, respectivement directeur général et président de la coopérative agricole Oxyane (Vienne, en,Isère et Bourg-en-Bresse dans l’Ain).
La situation actuelle est simple : la Coopérative importe actuellement pour ses adhérents la majeure partie des tourteaux destinés à l’alimentation du bétail de la région.
Comment retrouver l’autonomie alimentaire ? “Nous allons construire une unité de trituration de tourteaux de graines de colza d’une capacité de 25 000 tonnes qui sera implantée sur notre site de fabrication d’aliments de bétail de la Côte-Saint-André en Isère”, expliquent les dirigeants de la coopérative régionale.
“Bio, conventionnelle et non OGM ”
“ Produire en local est un des enjeux auxquels nous nous sommes attelés : celui de notre indépendance régionale en protéines.”
Et d’expliquer : “ Notre force à Oxyane est de pouvoir regrouper au sein de la Coopérative et de son territoire, tous les acteurs : de la production de semences, à la production végétale et animale, à destination des nombreuses productions animales régionales.”
Et d’ajouter : “ Nous sommes donc sur le point de concrétiser un projet de longue date : celui de créer une filière régionale de protéines non OGM, conventionnelle et bio : il existe des besoins fort dans notre région en tourteaux de soja.”
Rhône-Alpes qui bénéficie d’excellentes conditions pour la culture du colza pourra ainsi créer une filière de A à Z : il ne restait plus qu’à compléter le chaînon manquant, en l’occurrence ce projet d’usine de trituration de colza.
Elle représentera un investissement de 5 millions d’euros et devrait créer une dizaine d’emplois.
Ce projet devrait en outre bénéficier d’une aide financière du gouvernement dans le cadre du plan de relance. “Le dossier est actuellement sur le bureau du ministre de l’agriculture : l’aide peut aller jusqu’à 40 %”, précise le directeur général qui attend assez rapidement la confirmation de cet accompagnement de la part du gouvernement.
Mais de préciser : “En tout cas, aide gouvernementale ou pas, nous ferons cette usine : c’est un projet que nous nourrissons depuis longtemps.
Cette usine qui devrait répondre à près de la moitié de la demande devrait être opérationnelle à la mi-2023. Elle sera conçu pour accueillir ensuite une extension de production.
Fruit de la fusion de la “Coopérative Dauphinoise” dont l’ex-siège est basé à Vienne en Isère et “Terre d’Alliances” à Bourg-en-Bresse dans l’Ain, Oxyane a réalisé pour son exercice qui va de juin 2020 à juillet 2021 un chiffre d’affaires consolidé de 630 millions d’euros avec un Ebitda de + 3,11 %.
De 700 000 à 900 000 tonnes
Ce fut une année difficile du fait de la sécheresse. “Pour 2021/2022, tout laisse à penser à trois mois de la clôture que l’année sera bien meilleure avec une hausse substantielle de nos productions : toutes confondues, nous nous attendons à 900 000 tonnes contre 700 000 tonnes lors de l’exercice précédent”, se félicite Georges Boixo.
Quant à la fusion entre la Coopérative Dauphinoise et Terre d’Alliances qui permet à Oxyane de regrouper désormais 7 000 agriculteurs coopérateurs, 1 900 salariés et 165 sites (silos et magasins Gamm Verts), “elle se déroule bien, comme prévu dans le plan de marche…”
Désormais la coopérative va devoir être particulièrement attentive à la question des prix et des tarifs des intrants agricoles “qui ne baisseront pas, nous en sommes persuadés, même une fois la guerre en Ukraine terminée”.
-Photo : tourteaux de colza.
Georges Boixo et Thierry Josserand, directeur général et président de la coopérative agricole Oxyane