« Depuis de nombreuses années », la Compagnie Nationale du Rhône dégage « une rente supérieure à 15 euros par mégawatt-heure », estime la Cour des Comptes dans un rapport qu’elle vient de publier.
Elle chiffre même à 16%, depuis 2003, la rémunération moyenne du capital via le versement de dividendes.
La Compagnie Nationale du Rhône dont le siège est basé à Lyon et dont la concession vient d’être prolongée jusqu’en 2041 par le Parlement est donc dans le collimateur du gendarmes des comptes de la Nation.
Détenue par une société privée, en l’occurrence Engie à hauteur de 49,97 % du capital, par la Caisse des Dépôts (33,20 %) et des collectivités locales (16,33 %), l’entreprise rhodanienne pèse lourd dans le bilan énergétique de l’Hexagone en produisant à elle seule près quart de la production hydroélectrique du pays, avec 19 centrales égrenées le long du Rhône.
Selon la Cour des Comptes, leur exploitation par EDF jusqu’au début des années 2000 a profité à l’Etat et aux collectivités, ainsi qu’aux usagers « en raison de l’existence de tarifs réglementés qui reflétaient les coûts moyens de production », moindres que dans d’autres filières énergétiques.
Une « rente » supérieure à 15 megawatt-heure
Mais ce n’est plus le cas, suite à l’ouverture à la concurrence : en vendant son électricité au prix du marché, la CNR engrange les profits mais « l’efficacité des barrages du Rhône ne bénéficie plus aux consommateurs », affirme le rapport.
Autre critique : la Cour des Comptes estime que le niveau des investissements s’est « dégradé » ces dernières années : il aurait servi de « variable d’ajustement » face à la baisse des prix de gros de l’électricité après 2016.
Comme elle en a bien sût le droit une fois qu’elle a été informée de ces critiques, la CNR répond à la Cour que sa gestion a servi « avant tout » l’intérêt général, l’Etat et les collectivités ayant capté « 76 % de la valeur ajoutée » de 2012 à 2020, contre 8,5% pour Engie et 5,5 % pour la Caisse des Dépôts.
Est également contesté le terme de « rente ». La CNR met en avant les « risques importants » qui pèsent sur l’activité de la CNR – en matière de sécurité ou de prix – et donc sur ses actionnaires.
Engie, enfin, dément que ces derniers aient touché des « revenus considérables », leur rémunération étant inférieure à « celle qui aurait été attendue par un investisseur sur cette période pour ce profil de risque ».
Il faut également savoir que outre l’hydroélectricité, la CNR doit aussi financièrement prendre en compte la navigation fluviale et de l’irrigation agricole dans le cadre de sa concession.
Quelles conséquences, ce rapport assez salé de la Cour des Comptes, au final ? Sans doute aucunes…
Photo : le barrage de Reventin-Vaugirs, le dernier construit de tous ceux égrenés le long du Rhône.