En cette fin d’année 2020 et au cours de l’année 2021, ce sont de vrais tournants successifs que négocie et va négocier la société viennoise Béal, le n°1 mondial des cordes d’alpinisme et de sécurité, l’un des fleurons de l’économie viennoise. Pour l’instant, avec succès.
Le premier virage a été négocié il y a peu, c’est celui du Brexit. L’annonce d’un accord de l’Union Européenne avec la Grande-Bretagne a constitué un vrai soulagement pour Frédéric Béal, 40 ans, le directeur général de l’entreprise familiale. Qui dit n°1, dit exportation. Béal vend 70 % de sa production à l’étranger !
Quelques jours auparavant, il avait déjà le sourire car il apprenait que sa société avait été déclarée lauréate par Bercy (ministère de l’Economie), en compagnie de 24 entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec aides financières à la clef, pour favoriser la réindustrialisation de la Région, dans le cadre du Plan de relance.
8 millions d’euros d’investissements
L’entreprise avait un gros projet d’investissement. L’Etat va l’accompagner à hauteur de 800 000 euros. Ce qui va permettre à Béal d’investir dès l’année prochaine 8 millions d’euros, soit l’équivalent de la moitié de son chiffre d’affaires. Un vrai tournant pour le leader mondial qui a réalisé l’année dernière 16,7 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Cet investissement va permettre à la fois à l’entreprise de déménager, en l’occurrence de quitter Vienne pour Pont-Evêque, puis de se lancer dans une nouvelle diversification.
Béal va en effet quitter son usine de briques située le long de la Gère pour s’installer sur la zone d’activité de Montplaisir à Pont-Evêque en occupant et en réaménageant les anciens locaux de l’usine R2R.
Le nouveau siège social représente une superficie de 7 200 mètres carrés : les locaux vont être transformés et dotés de nouvelles constructions pour représenter près de 10 000 mètres carrés, contre 9 000 m2 pour le site actuel de la Gère.
Les travaux vont débuter au printemps 2021 pour se terminer, si tout se passe comme prévu, en août 2022.
“Nous avons déjà nos stocks à Pont-Evêque, en terme de logistique, ce n’est pas pratique car cela nous impose des trajets incessants entre l’actuelle usine située sur plusieurs étages et R2R ”, explique Frédéric Béal.
Un training center
La grande superficie du futur siège social va aussi permettre à Béal d’installer un “training center”, en l’occurrence, un centre d’entraînement aux travaux de grande hauteur. “Ce sera un centre IRATA, la seule certification internationale pour ce type de travaux”, précise Frédéric Béal. Il sera installé dans un bâtiment de dix mètres de hauteur. Un atout commercial supplémentaire pour l’entreprise.
Il y aura aussi deux salles de cours, de quoi accueillir douze stagiaires chaque semaine
L’autre grand projet de Béal qui va débuter dès 2021 est constitué par une nouvelle diversification : la fabrication de gilets pare-balles. Cela ne paraît pas de prime abord cohérent avec la fabrication de cordes d’alpinisme et de sécurité ? “En fait si, rétorque Frédéric Béal. Un gilet pare-balles est d’abord du textile. Et çà, nous savons faire. Nous avons aussi toutes les procédures de contrôle qualité pour que les produits dits de catégorie 3, que nous fabriquons offrent toutes les normes de sécurité possibles…”
Dans un gilet pare-balles, il y a une partie rigide constituée par de la fibre de carbone. Elle sera fournie par une autre société nord-isèroise Ten Cate, basée à Primarette.
Dans cette diversification, Béal n’est pas seul, il est également accompagné par une société canadienne
Frédéric Béal compte fabriquer assez rapidement près de 50 000 gilets pare-balles par an. Ceux-ci seront destinés au GIPN, au RAID, aux marchés militaires, aux polices municipales, etc.
L’entreprise qui compte 230 salariés dans le monde (70 à Vienne) figure parmi celles qui ont su traverser sans trop d’écueil la crise économique due au Covid. Son chiffre d’affaires ne devrait reculer en 2020 que de 2 à 3 %, selon son directeur général. Chez Béal on sait escalader la conjoncture par mauvais temps…
Photo : Frédéric Béal, directeur général.
L’usine actuelle, le long de la Gère