Ce serait le paradoxe de la crise du coronavirus : entre la crise sanitaire et le désir des Français de gagner en qualité de vie, les villes de taille intermédiaire comme Vienne pourraient bien gagner en attractivité. Explications.

Ce serait une retombée inattendue. Avec la crise du coronavirus et le confinement, les désirs de grands espaces et de qualité de vie des Français ont été exacerbés.

Nombreux sont ceux qui dès le 17 mars ont pris la route direction leur résidence secondaire, en dehors des grandes agglomérations.

Selon l’opérateur Orange, ils seraient ainsi près de 1 million à avoir quitté la région parisienne pendant le confinement. En parallèle, selon Seloger.com, “le taux de consultation des maisons à vendre a explosé” et les recherches de biens en région ont grimpé de 5 %.

Cette tendance à “l’exode urbain” interroge alors que les chiffres montrent depuis plusieurs années une véritable métropolisation du paysage français autour des grandes villes. Avec moins de pollution, moins de densité de population et un foncier plus abordable, les villes moyennes comme Vienne ou Bourgoin-Jallieu dans le Nord-Isère, par exemple, pourraient tirer leur épingle du jeu.

Les experts en la matière se montrent prudents sur le passage à l’acte des métropolitains, mais tous indiquent que les villes moyennes, définies par une population entre entre 10 000 et 200 000 habitants, ont résolument une carte à jouer dans le contexte du virus.

“La grande nouveauté de cette crise par rapport aux précédentes, c’est le digital, cette idée que l’ont peut remplacer la proximité physique par la proximité numérique. Tous ceux qui peuvent télétravailler -environ 40 % de l’emploi s’y prête en France- pourraient être en mesure de s’exiler”, analyse Aziza Akhmouch, cheffe de la division villes, politiques urbaines et développement durable à l’OCDE, interrogée par Le HuffPost.

Habituellement, ce sont plutôt les retraités et les jeunes couples dont le premier enfant vient de naître qui quittent les grandes villes, rappelle de son côté Patricia Lejoux, chercheuse à l’école de l’aménagement durable des territoires de Lyon. Cette première cible pourrait donc s’élargir.

Attractivité viennoise

Lieu idéal entre la nature et les grandes villes, les villes moyennes offrent également un accès plus facile à des circuits de consommation courts, une tendance qui a pris de l’ampleur pendant le confinement.

Ce “nouveau” pouvoir d’attraction des villes moyennes n’est cependant pas égal partout, et une grande variété demeure.

Certaines auront beaucoup plus de facilités à “se vendre” car elles sont dotées d’une bonne image pour leur qualité de vie, une gastronomie avec la Pyramide et ses restaurants ou leur potentiel culturel, avec son Festival de Jazz par exemple à Vienne.

“Pour que ces villes moyennes réussissent à être attirantes, il faut des infrastructures, des installations physiques et un bâti adéquat pour encourager les investissements notamment en nouvelles technologies ; attirer les entreprises et créer de l’emploi. Il faut aussi une structure économique diversifiée, une capacité fiscale, une bonne gouvernance et des services publics. Il faut aller vers une France qui repose sur un système de villes connectées avec leur environnement rural, et c’est possible”, détaille Aziza Akhmouch, toujours interrogée par le HuffPost.

Avec la crise du coronavirus, on a clairement vu les défauts de la délocalisation et la nécessaire relocalisation de certaines productions parties notamment en Asie.

Et pourquoi cette réindustrialisation ne se ferait pas en partie dans les petites et moyennes villes ?

Le levier d’”Action Cœur de Ville”

Dans cette optique, le programme “Action Cœur de Ville”, lancé en 2018 par le gouvernement à  hauteur de 5 milliards d’euros dont Vienne bénéficie avec 222 autres villes moyennes de France, pourrait se retrouver sur le devant de la scène.

Il pourrait constituer un levier de cette reconquête des villes moyennes, puisque son rôle a pour but de les revitaliser en utilisant notamment les commerces et les logements comme leviers.

D’autant qu’il porte déjà ses fruits selon un premier bilan dressé le 14 mai dernier par Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires. Entre 2018 et 2019, grâce à la rénovation et la construction de logement, les transactions immobilières ont augmenté de 10,39 % dans les communes concernées.

Bref, le “monde d’après” pourrait être plus favorable à des villes comme Vienne ; et déjà, c’est une bonne nouvelle en cette période de relance économique…

 

Photo : ville de Vienne